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simultanément. On se trouverait, autrement, en face de cette situation paradoxale d’avoir dans les dépôts des équipages des milliers de réservistes inoccupés et, en même temps, des bâtimens en réserve forcés d’attendre une place pour être armés. Ce serait la mobilisation par « petits paquets. »

Tous les bâtimens susceptibles d’une utilisation militaire, auxquels on ne peut assigner un poste d’armement ni dans la Penfeld, ni le long des terre-pleins de Lanninon, doivent être évacués sur les arsenaux moins encombrés. Nous avons vu qu’à Cherbourg ils seraient en mauvaise posture. C’est sur Lorient et sur Rochefort qu’il faut les diriger. Ils y trouveront le supplément de longueur de quai que l’on ne peut leur procurer à Brest. Armés par un arsenal que ne détournera pas de cette tâche le souci de préparer en même temps des bâtimens d’une valeur militaire plus importante, ils pourront être rendus en rade de Brest, prêts à prendre la mer, plus promptement que s’ils avaient attendu à Brest une place pour être armés dans la Penfeld.

Les rives de la Penfeld n’ont pas seulement l’inconvénient d’être encaissées et d’avoir peu de développement en longueur, elles sont en outre tortueuses. La manœuvre de nos grosses unités, sur ce filet d’eau étroit et sinueux, est un véritable tour de force. Malgré toute l’habileté déployée, malgré les amarres prudemment tendues pour guider la marche du navire en mouvement, les avaries à la coque ou aux hélices sont excessivement fréquentes… et onéreuses. Récemment encore, on apprenait qu’un simple chaland coulé avait embouteillé tous les cuirassés en réparation dans l’arsenal. Il est indispensable de rectifier et de draguer le cours de la Penfeld, surtout à l’entrée, pour supprimer tout risque de semblables avaries.

En somme, Brest possède un arsenal d’accès difficile et trop petit, qui ne correspond nullement à l’importance de son admirable rade.

Brest ayant action à la fois sur la Manche et sur l’Atlantique devrait avoir, d’après la règle des deux ports correspondans, son port de soutien sur chacune de ces deux mers. Cela est d’autant plus nécessaire que la rade, n’ayant qu’une issue, pourrait être aisément bloquée.

Dans la Manche. Cherbourg devrait remplir ce rôle de soutien. Mais, par suite des minces qualités défensives que nous avons