Mais l’Inde merveilleuse avec tous ses mystères
Est mon rêve éternel ; — mon âme y séjourna.
L’Himalaya me tente et ses gradins austères
Où le Bouddha sublime atteint le Nirvana !…
Et mon désir subtil, dévorant, intrépide,
Va jusqu’aux continens engloutis sans espoir ;
Il évoque du fond des mers, vieille Atlantide,
Ta ville aux portes d’or et tes magiciens noirs.
… O forêts, vous mes sœurs, monts chenus, vous mes frères,
Quand je sens tressaillir mon instinct migrateur,
Vous ne me dites pas, ô solitudes fières,
La rive où pour jamais s’assouvira mon cœur…
Et, comme l’albatros, chassé de zone en zones,
Qui cherche une île verte à l’horizon béant,
Je balance mon aile au souffle des cyclones
Ou je me berce avec le flot des océans !
Si je n’étais pas né dans un pli de tes Vosges,
O terre des Gaulois, des Celtes et des Francs,
Qui va de l’Armorique aux monts des Allobroges,
Du mur pyrénéen aux plages des Normands,
Je t’aimerais quand même, ô corbeille fleurie !…
Tes fleuves, tes cités auraient fixé mes jours.
Parmi les nations, tu serais ma patrie,
O terre de la Grâce aux sinueux contours.
Comment, ô France, as-tu dompté mon cœur rebelle ?
Pourquoi t’ai-je suivie en tes désirs sans frein ?
Parmi tes sœurs, qui donc te rend fière et si belle,
Quel talisman secret, quel charme souverain ?