voix ; » elle les entendait aussi distinctement qu’elle entendait le prédicateur dont nous savons qu’elle a interrompu la lâche insolence.
De la même façon, M. Lang ne s’explique pas l’insistance du biographe français à soutenir que, dès le début, toutes les paroles de Jeanne lui ont été « soufflées » par des prêtres. « On nous dit qu’elle était en relations spirituelles avec plusieurs prêtres, et l’on nous donne les noms de deux d’entre eux. De ces deux prêtres, l’un avait huit ans lorsqu’elle a quitté Domremy, ce qui n’empêche pas M. France d’assurer qu’il l’a entendue en confession. De l’autre, nous lisons seulement qu’elle s’est confessée à lui, durant un carême. » Mais surtout, M. France découvre un argument péremptoire, en faveur de sa conjecture, dans le discours tenu par Jeanne à Vaucouleurs, quand la jeune fille affirme que le royaume appartient à Dieu seul, et que Charles VII ne pourra l’avoir qu’« en commande. » A quoi M. Lang répond qu’une telle idée était alors trop courante pour que Jeanne ait eu besoin de se la faire expressément « souffler » par le prêtre mystérieux qu’a inventé M. France. En Ecosse, l’attribution des royaumes « en commande » était l’un des thèmes les plus familiers aux prédicateurs. Et l’on peut voir reproduites, dans l’ouvrage de Wallon, des monnaies du temps où sont gravés les mots : Christus regnat, Christus imperat.
Je ne puis, malheureusement, entrer dans le détail de la réfutation de M. Lang, sur cet important sujet de l’inspiration « cléricale » de la Pucelle. Avec une patience et un soin infinis, il s’est attaché à examiner tous les renseignemens que nous offraient les textes anciens sur les rapports de la Pucelle avec les prêtres et les moines de son entourage. Nous sommes désormais, grâce à lui, en état de l’affirmer : si profondément pieuse que fût la jeune fille, jamais elle n’a rien livré de soi-même à personne d’entre eux. Mais, au reste, ne savons-nous pas que son refus, dès l’enfance, de confesser à aucun prêtre l’existence et les ordres de ses « voix » a été l’un des plus forts griefs retenus contre elle ?
A Vaucouleurs, la première fois, Robert de Baudricourt a très mal accueilli l’enfant visionnaire. Mais « le mépris du capitaine et les outrages de la garnison ne l’ont ni humiliée ni découragée : elle les tenait au contraire comme des preuves de la vérité de sa mission, s’imaginant que ses Voix les lui avaient