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LES ÉPOQUES DE LA MUSIQUE

L’OPÉRA SYMPHONIQUE

Voici le dernier âge de la musique. J’entends sa forme la plus récente, celle d’hier, celle encore d’aujourd’hui, sinon peut-être, comme on l’a trop dit, celle de « l’avenir, » ou seulement (déjà certains signes le montrent) celle de demain. Le nom d’opéra symphonique, mieux que celui de drame lyrique, nous paraît propre à désigner le genre que nous allons étudier. Un opéra, par définition, et par une définition aussi large qu’ancienne, c’est toute pièce, toute action, sérieuse, tragique même, ou légère, — Tristan comme Falstaff, le Barbier de Séville ou Fidelio, — représentée par les sons. De plus, il semble bien que cette expression : « lyrique, » risque de conserver au lyrisme, c’est-à-dire au chant pour le chant, à la mélodie autonome, une part que, dans le drame musical, elle ne possède plus. L’épithète de « symphonique, » au contraire, met tout de suite au premier rang, dans le titre, l’élément qui, dans la réalité, s’est fait la première place. Ainsi les mots s’accordent mieux avec les choses. Ils leur ressemblent davantage. La poésie elle-même ne s’y est pas trompée.

Quando Wagner possente mille anime intona
Ai cantanti metalli, trema agli umani il core[1].

Dans l’opéra symphonique de Wagner, les métaux ne sont pas seuls chantans ; les cordes, les bois y ont aussi leur voix avec leur âme. Mais quand les hommes, en l’écoutant, sentirent

  1. Carducci.