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et resta toujours étroitement lié avec eux. Bossuet le fit entrer comme « gentilhomme » dans la maison du comte de Toulouse, prince du sang et grand amiral de France. C’était vers 1681. De là il s’éleva à être secrétaire de la Marine, puis secrétaire des commandemens du comte de Toulouse. En 1698, Boileau lui dédia sa onzième satire : « Oui l’honneur, Valincour, est chéri dans le monde… » En 1699, il eut la douleur de voir mourir Racine qu’il assista dans sa maladie de tout son pouvoir : « Nous y allions sans cesse, M. Despréaux et moi ; ou plutôt nous n’en sortions pas. » Il succéda à Racine et dans l’Académie française et comme historiographe du Roi.

En 1704, ayant déjà plus de cinquante ans, il suivit son maître, le comte de Toulouse, dans son expédition de Malaga et fut blessé à la bataille, sous cette ville, d’un éclat de mitraille.

Il semble avoir aimé les académies et avoir été friand des honneurs académiques, ce qui n’est pas tout à fait la même chose ; car nous le voyons, en 1721, qui se fait nommer de l’Académie des sciences, sous prétexte sans doute de ses connaissances navales.

Il était très recherché pour son aménité, son savoir-vivre, la finesse de son goût, l’étendue de ses connaissances (car il lisait sans cesse et avait une des plus belles bibliothèques du monde), la sûreté de son amitié et la droiture de son caractère. Saint-Simon, qui n’est jamais complaisant, le définit ainsi : « C’était un homme d’infiniment d’esprit et qui savait extraordinairement ; d’ailleurs un répertoire d’anecdotes de cour où il avait passé sa vie dans l’intrinsèque et parmi la compagnie la plus illustre et la plus choisie ; solidement vertueux et modeste, toujours dans sa place et jamais gâté par les confiances les plus importantes et les plus flatteuses ; d’ailleurs très difficile à se montrer, hors avec ses amis particuliers et peu à peu, et dès longtemps devenu grand homme de bien. C’était un homme doux, gai, salé, sans vouloir l’être et qui répandait naturellement les grâces dans la conversation ; très sûr et extrêmement aimable. »

Il vivait tantôt à Paris, tantôt à Saint-Cloud dans une maison des champs assez magnifique qu’il aimait extrêmement, au milieu de ses livres rares qu’il aimait davantage encore. Il correspondait volontiers, avec les savans et les habiles de son temps, notamment avec le chancelier Daguesseau, discutant ensemble des questions de métaphysique et de morale et