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effective une opinion publique vraiment américaine, dont la force influencera la conduite des nations, préviendra les injustices internationales, diminuera les causes de guerre et préservera pour toujours nos pays libres du poids d’arméniens semblables à ceux qui sont massés derrière les frontières de l’Europe, et nous conduira de plus en plus près de la perfection d’une liberté réglée. Ainsi, viendront pour nous tous la sécurité et la prospérité, la production et le commerce, la richesse, le savoir, les arts et le bonheur. »

M. Root partit quelques jours plus tard pour continuer son voyage autour de l’Amérique du Sud. Représentant, ainsi qu’il se plaisait à le dire, du « peuple américain tout entier, » c’était le salut cordial et les souhaits de prospérité, le témoignage d’affection et les vœux de bonne entente de la République anglo-saxonne du Nord, qu’il allait porter à ses sœurs latines du Midi. « Ce n’est pas comme un messager de lutte que je viens à vous, — disait-il à Montevideo, — je suis ici comme l’avocat de l’amitié et de la paix universelles. » Et, dans sa réponse à un discours du président de la République Argentine, il s’efforçait de faire comprendre à ses auditeurs l’esprit qui animait le gouvernement américain : « La politique traditionnelle des États-Unis est de ne pas conclure d’alliances. Cette politique était celle de Washington, et tous ses successeurs l’ont suivie. Mais l’alliance qui vient d’instrumens non écrits et non revêtus de sceaux, n’a pas une importance moins grande que celle qui est le résultat de conventions écrites et revêtues de toutes les formalités diplomatiques. Nous ne concluons pas de traités d’alliance, mais nous contractons une alliance de sentiment avec toutes nos sœurs, pour la poursuite de la liberté et de la justice, dans un esprit d’aide mutuelle. » À Valparaiso, où il apporta les témoignages de sympathie de ses compatriotes pour les nombreuses victimes du récent tremblement de terre, à Lima, à Carthagène, il tint le même langage. Partout, il reçut un accueil cordial et digne du pays qu’il représentait.

À Buenos-Ayres, M. Luis M. Drago, dans le discours qu’il lui adressa, comme président du Comité de réception, lit allusion à la doctrine qui a reçu son nom : « C’est notre devoir sacré de préserver l’intégrité matérielle et morale de l’Amérique contre les menaces et les artifices, très réels, qui malheureusement l’entourent… Et c’est pour obéir à ce sentiment de défense