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arrogans que jamais. Cependant les griefs qu’ils invoquent sont moins que jamais propres à leur concilier l’opinion.

De quoi s’agit-il, en effet ? Les postiers reprochent au gouvernement de n’avoir pas tenu les promesses qu’il leur avait faites. Est-ce vrai, est-ce faux, nous n’en savons rien : il est difficile de démêler la vérité au milieu d’affirmations contraires : nous n’assistions pas aux conciliabules de MM. Clemenceau et Barthou d’une part, des représentans des postiers de l’autre. Peut-être se sont-ils mal expliqués ; peut-être ne se sont-ils pas compris. Mais, certainement, il y a exagération à dire, comme on l’a fait, que le gouvernement a manqué à toutes ses promesses. Il s’était engagé à passer l’éponge sur le passé, à oublier tous les faits qui se rattachaient à la grève, à accueillir tous les agens et sous-agens qui reprendraient le travail avant une date déterminée : à remanier un certain nombre de tâches individuelles : ces engagement ont été déjà tenus ou sont en bonne voie d’exécution. Le désaccord actuel porte sur un point unique : M. Clemenceau avait-il promis de se séparer de M. Simyan ? M. Clemenceau dit que non ; il a pour lui les textes connus : on n’a lu nulle part une promesse formelle venant de lui. Au surplus, depuis le moment où il aurait pu la faire, il faut bien reconnaître qu’on ne lui en a guère facilité la réalisation. L’agitation, en effet, n’a presque pas cessé un seul jour. Les postiers, fiers de leur succès, s’en sont imprudemment enivrés. Les menaces n’ont pas ménagé le gouvernement après la paix plus qu’elles ne l’avaient fait pendant la guerre : s’il avait, à un moment quelconque, donné congé à M. Simyan, il aurait eu l’air de céder une fois de plus à l’intimidation. Ce qu’il n’a pas fait encore, il le fera peut-être un jour ; mais ce jour ne saurait venir que lorsque la pacification sera pleinement faite et que tout sera rentré dans l’ordre, c’est-à-dire, de la part des postiers, dans l’obéissance. Ce dénouement paraît encore lointain.

On nous permettra de ne pas raconter dans le détail toutes les manœuvres et contre-manœuvres auxquelles les postiers se sont livrés : les journaux en ont été remplis. Peut-être, aussi, nous perdrions-nous dans la complexité de ces organisations, formées de groupemens divers qui ont pris l’habitude de se désigner eux-mêmes par deux ou trois lettres majuscules. » Il y a l’Association générale des postes ou A. G. Il y a l’Association des postes, télégraphes, téléphones, ou P. T. T. Il y en a bien d’autres encore, surtout si l’on songe à tous les syndicats rattachés ou non à la Confédération générale du Travail, ou C. G. T. qui cherchent à faire cause commune avec les postiers, comme les postiers cherchent à le faire avec eux : on voit