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trouvait difficilement preneur à raison de 0 fr. 10 le litre s’enlève aujourd’hui à 0 fr. 25. Pour répondre à la demande, les bergers, forcés d’augmenter leurs troupeaux, cherchent à étendre leurs pâturages, les prix de location s’en ressentent, et on estime à 30 pour 100 la plus-value des terres dans cette partie de l’île, plus-value d’autant plus intéressante que les locataires paient maintenant régulièrement, alors qu’ils ne le faisaient pas autrefois.

Toute cette région a été favorisée dernièrement par deux très belles récoltes d’huile et de blé. En 1906, Sassari a produit plus de 5 millions de kilogrammes d’huile. La première qualité va à Nice, les autres en Italie. Porto Torres expédie en moyenne tous les ans sur Gênes et Livourne 2 millions de francs de blé, de 5 à 600 000 francs de fèves et d’orge, et de 4 à 5 millions de francs d’huile. Malheureusement, toute médaille a son revers, et le coût de la vie, suivant la même progression, a augmenté presque partout d’un bon tiers.

La Sardaigne, grande productrice de bestiaux, exporte environ 80 000 bœufs ou vaches sur Rome, Païenne et Trapani. Avant la politique agressive du ministère Crispi qui nous força de dénoncer nos traités, une partie de ce bétail ainsi qu’une grande quantité de vin allaient en France. Les relations commerciales, longues à établir, sont difficiles à renouer une fois qu’elles ont été rompues. Aussi le gouvernement italien a-t-il été amené à établir des tarifs très réduits entre ses propres ports et la Sardaigne, pour ne pas paralyser la vie économique de cette dernière. Ainsi, un bœuf, par exemple, paie seulement 7 francs de Porto Torres à Livourne et Gênes ou entre Golfo d’Aranci et Civita Vecchia.

Avant de quitter le Nord de l’île pour descendre dans le centre, puis ensuite vers le Sud, disons quelques mots de Sassari, chef-lieu de la province du même nom, ville sans cachet, située sur un plateau calcaire à une petite distance de la mer ; de longues rues dallées, bordées de maisons dépourvues de caractère, se coupent à angle droit. La presque totalité des vieux remparts génois, le château des Aragonais ont été rasés, et à la place de ces souvenirs du passé, un quartier moderne s’élève, uniformément le même, comme tout ce que produit maintenant