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POÉSIES


STANCES


Il ne faut souhaiter de voir un trop long âge
Et mieux vaut mourir tôt que de vivre longtemps,
Car fol est qui s’acharne à porter au visage
L’aspect de la vieillesse et le masque du temps !

Qu’un autre trouve en soi la constance et la force
Qui le fassent durer, content de ce qu’il est !
A mon sens, l’arbre mort dont ne croît plus l’écorce
Encombre le taillis et gâte la forêt.

Aussi, non dans l’hiver, mais en mon plein automne,
Veux-je que, d’un seul coup, m’abatte le destin,
Pour qu’en tombant mon soir encore se couronne
Du feuillage compact qui parait son matin,

Et, pour que le tranchant du fer qui le taillade,
Au-delà de la libre et de l’aubier vivant,
Rencontre au cœur du tronc la chair de la Dryade
En qui s’empourpre encor la sève de mon sang !