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LES MÉMOIRES
DU
PRINCE CLOVIS DE HOHENLOHE

Le portrait de Lazlo, qui orne le premier volume de l’édition française des Mémoires du prince Clovis de Hohenlohe[1] m’avait frappé lors de son apparition en 1899 au Salon des Artistes français. Le prince était représenté dans l’attitude qu’il affectait de prendre aux réunions officielles ou mondaines : la tête un peu inclinée sur l’épaule droite et le regard froid. Le front était large, encadré de rares cheveux blancs ; une moustache épaisse soulignait un nez long et fort ; deux rides profondes divisaient le visage pâle et émacié pour aboutir à un menton court et fuyant. L’ensemble de la physionomie était plutôt ingrat. Dans ce petit vieillard au dos voûté, affublé d’un habit noir peu élégant et constellé de décorations, portant une cravate blanche mal nouée, marchant à petits pas et jetant de côté et d’autre un coup d’œil furtif, j’eus quelque surprise, la première fois que je le vis au cours de son ambassade à Paris, à reconnaître le descendant d’une des plus grandes familles de Franconie, Son Altesse Sérénissime le prince Clovis-Alexandre-Victor de Hohenlohe-Schillingsfürst, prince de Ratibor et de Cowey, grand chambellan, conseiller d’Etat et Reichsrat héréditaire du royaume de Bavière, que l’empereur Guillaume II devait appeler en 1885 au poste officiel de statthalter d’Alsace-Lorraine, puis en 1894 à la première place de l’Empire, celle de chancelier. Ce diplomate, dont la

  1. Traduction Paul Budry, Louis Conrad, éditeur.