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notes destinées à faciliter l’intelligence du texte. La princesse douairière Constantin de Hohenlohe, la sœur du prince Clovis, la princesse de Salm-Horstmar fournirent au docteur Curtius des renseignemens précis sur la vie privée du prince et des détails d’intérêt général. Le baron Jules de Freyberg et le professeur Friedrich de Munich lui apportèrent en outre des indications précieuses sur les affaires de Bavière et sur le concile du Vatican. Le prince Alexandre fut le collaborateur utile du docteur Curtius pendant les cinq années que durèrent le travail de dépouillement et celui de l’impression.

Lorsque parurent les Mémoires en octobre 1906[1] et lorsqu’on apprit ainsi toute la pensée du prince de Hohenlohe sur la révolution de 1848, les guerres de Danemark et d’Autriche, les actes du gouvernement bavarois de 1866 à 1870, le concile du Vatican, la guerre de 1870, la formation de l’unité allemande, l’ambassade à Paris de 1874 à 1885, le Congrès de Berlin, la politique de l’Empire en Alsace-Lorraine, les confidences de Bismarck après sa disgrâce, les entretiens secrets du prince de Hohenlohe avec Guillaume II sur la politique intérieure du chancelier, enfin les pages incisives et mordantes où il était dit tout haut ce qu’on murmurait tout bas, ce fut une surprise inquiète dans toute l’Allemagne et cette surprise gagna l’Europe sans toutefois l’inquiéter. Mais le 8 octobre, l’empereur Guillaume II, qui venait d’ouvrir les Mémoires, adressa à l’aîné des Hohenlohe-Schillingsfürst, le prince Philippe, ce télégramme vibrant : « Je viens de lire avec indignation et surprise ce qui a été publié concernant les entretiens particuliers les plus intimes entre ton père et moi au sujet de la retraite du prince de Bismarck. Comment se fait-il que de pareils documens aient pu être livrés à la publicité, sans qu’on eût demandé mon autorisation préalable ? Je suis obligé de déclarer que ce procédé est, au plus haut degré, dénué de tact, indiscret et absolument importun ; car il est inouï que des faits qui concernent le souverain actuellement régnant soient portés, sans son assentiment, à la connaissance du public. De semblables publications peuvent entraîner des conséquences politiques impossibles à prévoir[2]. » C’était le chef de la famille de

  1. Voyez dans la Revue du 15 novembre 1906 Un Fonctionnaire allemand, par M T. de Wyzewa
  2. Cette dernière phrase a disparu dans la reproduction du télégramme par la Gazette de l’Allemagne du Nord.