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de celui qui aura l’honneur d’être appelé le créateur de l’Unité. « Tout Allemand, dit le prince, porte dans le cœur une foi enthousiaste en sa patrie allemande une, libre et forte. Cette foi a passé aux actes ; ce vœu populaire s’est formulé en réclamations puissantes ; mais pour voir renaître une Allemagne grande et libre, il faudrait un peuple bon, fort et pieux. Avec un peuple sceptique, il est impossible de reconstituer une vie politique. Tout ordre social et politique disparaît. »

Le 1er novembre 1848, le régent de l’Empire allemand choisit le prince de Hohenlohe pour notifier son avènement aux cours d’Athènes, de Rome et de Florence. Le prince revient six mois plus tard en Bavière et constate avec douleur que les espérances nationales ont été déçues et que le mouvement unitaire a échoué. Il est réduit au rôle ingrat de spectateur et de critique. De 1850 à 1866, ayant vu l’insuccès du programme de la grande Allemagne, il cherche à concentrer en une autre Allemagne les forces nationales du Centre et du Sud, afin d’éviter l’impuissance et l’effritement des fortes races allemandes. Il s’applique à faire la paix avec la couronne de Bavière et se rapproche du particularisme bavarois, sans négliger toutefois ce qui domine au fond de sa politique, l’idée d’unité, qu’il compte bien, de forts et énergiques ouvriers aidant, voir un jour se réaliser.

En novembre 1859, il a une importante entrevue avec le roi Maximilien II et il exprime le désir d’entrer à son service. Si le Roi lui fait la grâce de l’accepter, il sera heureux, grâce à sa fortune et à sa situation personnelle, de représenter dignement le nom bavarois à l’étranger et de tenir haut le drapeau de la Bavière. Le Roi l’accueille avec sympathie, mais lui demande un peu de patience, à cause de la foule des concurrens qui se trouvent parmi les diplomates de la carrière. En attendant, à la Chambre des Pairs, le prince donne une large mesure de son activité en prenant part à ses travaux et à ses discussions.

Il fallut l’arrivée du roi Louis et la guerre austro-prussienne pour qu’on pensât à lui. Le nouveau monarque, qui a succédé à Maximilien II le 20 mars 1864, envoie au prince son grand écuyer, le comte Holnstein, pour lui offrir la présidence du Conseil et les Affaires étrangères. « Je ne puis cacher, dit Hohenlohe, dans son journal, que le désir du Roi de m’avoir pour ministre procède uniquement de sa passion pour Wagner… Le Roi se souvient que j’ai contesté jadis la nécessité d’éloigner