Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 52.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Richard Wagner et il espère que je m’emploierai à le faire revenir. Bien que je n’envisage pas comme un malheur le retour de Wagner, je ne me sens aucun goût pour former un ministère Wagner. » La compétition de Neumayr parut un instant servir les desseins du prince de Hohenlohe, qui ne voulait pas être le produit d’une intrigue de cour. Le 31 décembre 1866, après des négociations assez ardues, il était nommé président du Conseil, ministre de la maison royale et des Affaires étrangères. Son programme, agréé par le Roi, comprenait, avec l’union de la majorité du peuple allemand en un État fédératif, l’intégrité de la couronne de Bavière et de l’État bavarois, l’alliance intime de cet État avec la Prusse, la réforme de la Chambre haute, de la législation sociale et du code de procédure générale, la réorganisation de l’armée, le relèvement du crédit commercial et foncier, la simplification de l’organisme administratif, la réglementation de la justice et de la magistrature, la pacification religieuse et l’homogénéité du ministère. Le premier volume des Mémoires est consacré en grande partie au rôle joué par le prince comme ministre bavarois et relate ses efforts pour accomplir point par point les diverses réformes inscrites à son programme, ses discours à la Chambre des députés, ses rapports avec M. de Bismarck dont il admirait et suivait la politique, ses rapports avec le Wurtemberg, Bade et la Hesse pour essayer de former en 1867 une union sous le titre d’« États-Unis du Sud de l’Allemagne » conformément à l’article 4 de la paix de Prague, et avec l’intention de s’unir au besoin aux alliés du Nord pour défendre l’intégrité du territoire allemand, tout en conservant la somme d’indépendance à laquelle ces États pouvaient prétendre. Ce qui prouve à quel point le Sud était jaloux de son autonomie, c’est qu’à l’ouverture du Parlement, le 28 avril 1868, le vivat adressé au Roi par le ministre de Bavière fut : « Vive le roi Guillaume » et non « Vive le roi de Prusse ! » On retrouvera, comme je l’ai dit dans mes études sur la Formation de l’Empire allemand à Versailles, les mêmes préoccupations en 1871, lors de la proclamation de l’Empire. Le prince de Hohenlohe eut à lutter contre les exigences du parti ultramontain qui avait triomphé aux élections de 1868. Ce fut alors que, modelant ses opinions religieuses sur celles de Dœllinger hostile au dogme de l’infaillibilité, il fit paraître la fameuse circulaire du 9 avril 1869 aux Légations bavaroises, circulaire qui était encore plus l’œuvre