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On me parle (général Montebello, MM. Conneau, Cipriani) de l’entrevue qui a eu lieu le matin à 9 heures entre les deux empereurs à Villafranca. On dit qu’elle a été cordiale, l’empereur Napoléon arrivé le premier a été à la rencontre de l’empereur François-Joseph. A quelques centaines de pas, les deux souverains se sont rencontrés ; ils se sont avancés au galop l’un vers l’autre, laissant leurs suites en arrière, se sont donné la main, et marchant devant se sont acheminés au pas vers une maison préparée dans la grande rue du village. Ils sont descendus de cheval et sont restés une heure et demie ensemble. Après quoi, ils se sont réciproquement présenté leurs suites. Remontant à cheval, ils ont passé en revue, l’empereur Napoléon un escadron de gendarmes et un de hulans autrichiens, l’empereur François-Joseph un demi-escadron de Cent-gardes et un escadron de Guides français. Ils se sont donné la main en se quittant.

L’impression est que l’entrevue a été cordiale et sans rien de décisif.

Vers une heure, l’Empereur sort de son cabinet, et m’apercevant, me fait entrer en me disant qu’il m’attend depuis quelque temps, et pourquoi je n’étais pas venu plus tôt.

Il me fait part, devant le Roi, de ce qui s’est passé avec l’empereur d’Autriche. L’empereur François-Joseph a abordé très franchement les différens points qui devaient servir de base à la paix, en disant à l’empereur Napoléon qu’il désirait la paix qu’il cédait au sort des armes qui lui avait été contraire et qu’il voulait lui donner une grande preuve de confiance en lui indiquant de suite la limite de ses concessions. Il cède la Lombardie à l’empereur des Français, sauf les forteresses de Mantoue et de Peschiera. Il garde la Vénétie sous la couronne d’Autriche. Pour Peschiera, il se montre moins arrêté, et l’empereur Napoléon croit pouvoir obtenir une concession pour cette forteresse. Il insiste fortement sur le maintien dans leurs Etats des ducs de Toscane et de Modène ; il abandonne le duché de Parme. Que l’empereur des Français et le roi de Piémont en fassent ce qu’ils veulent. Il va au-devant du désir que l’Empereur peut avoir d’une amnistie générale à l’occasion des derniers événemens.

L’empereur Napoléon met en avant l’idée d’une confédération des divers États italiens, sous la présidence honoraire du Pape, L’empereur d’Autriche accepte cette idée, et dit textuellement que, pour la Vénétie, l’empire d’Autriche se trouvera vis-à-vis