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L’Empereur, en suivant les limites de la Vénétie sur la carte, fit observer que, du côté de Borghetto, le territoire de cette province faisait un crochet sur la rive droite du Mincio, qu’il était prêt à abandonner. Reconnaissant, sur mon observation, que territorialement cette concession n’avait aucune valeur, il fit observer qu’elle en avait une grande militairement, en lui ménageant une tête de pont sur la rive droite du Mincio et la facilité, au point de vue militaire, de passer cette rivière quand il le voudrait.

Je fis de longs efforts sur ce point. Je mis en avant l’idée de raser Pesehiera, de faire de Mantoue une forteresse fédérale italienne, comme l’étaient, pour la Confédération germanique, Mayence, Ulm, Rastadt, Landau et Luxembourg.

« Mais, répondit l’Empereur, c’est un nouveau traité que vous voulez, et non le développement de celui que j’ai proposé ce matin à l’Empereur. Vous vous montrez plus exigeant que lui. Je ne puis admettre, après ce qu’il m’écrit, que vos instructions soient de revenir sur ce qui a été convenu. »

Je lui fis observer que moi seul connaissais les instructions que mon cousin m’avait données, qu’il avait un allié auquel il devait songer d’autant plus que, n’étant pas partie discutante dans les présens préliminaires, mon cousin seul traitait pour lui et mon beau-père ; que je le priais de bien remarquer que, sur ce point, je ne pouvais prendre aucun engagement et que tout ce que je pouvais faire était de soumettre les observations de sa contre-rédaction à mon souverain, en réservant sa complète liberté.

« Eh bien, dit-il, soit ! L’empereur Napoléon décidera, mais vous lui direz qu’il me serait impossible de céder sur ces forteresses, quand bien même je le voudrais personnellement. »

Sur mon observation que la frontière de la Haute-Italie serait tout à fait ouverte : « Rien n’empêche le roi de Sardaigne de défendre la ligne du Mincio, que je propose comme notre frontière, par des travaux militaires, soit à Brescia, Volta, Goïto ou Crémone. Qu’il fasse ce qu’il veut à cet égard, je ne le trouverai pas mauvais. »

J’ai réclamé sur la partie de territoire autrichien étant sur la rive droite du Pô, entre Guastalla et la frontière papale, exprimant le désir qu’elle n’appartînt plus à la couronne d’Autriche. L’Empereur répliqua que cette portion de territoire ne pouvait,