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laissaient leurs illusions en Europe, et, rentrés en Annam, ils prenaient sur leurs compatriotes une si détestable influence qu’il fallut modifier les règlemens. Désormais, au lieu d’envoyer en France des hommes faits, à peu près quelconques, on n’y expédiera plus que de tout jeunes gens présentant des garanties. Avec ces règles nouvelles, le choc brusque des deux civilisations produira-t-il de meilleurs résultats ? On ne peut que l’espérer.

Dans l’Inde, le temps presse. Certains pessimistes, auxquels le meurtre de sir W. H. Curzon Wyllie fournira des argumens nouveaux, considèrent la situation comme tellement grave qu’ils se demandent si, par une cruelle ironie, les victoires des alliés nippons n’auraient pas sonné le glas de l’empire britannique. Déjà, l’Égypte remuait ; aujourd’hui, l’Inde s’insurge. Faut-il voir dans ces mouvemens des prodromes de l’écroulement final ? Ce serait l’Angleterre frappée au cœur, si « l’Inde n’est pas un simple appendice, mais le pivot de l’Empire lui-même. »

Nous ne croyons pas à ces sombres pronostics. Au lieu de se laisser acculer, l’Angleterre fera les concessions nécessaires. Elle voudra diriger le mouvement pour le conduire et réaliser la prophétie de sir Henry Cotton : « Tôt ou tard, l’Inde reprendra son rang parmi les peuples de l’Orient. »

A. Davin.