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sur leurs bancs. Des établissemens analogues, basés sur les mêmes principes avec quelques variantes dans l’application, ont été créés par la « Mission intérieure, » et plus anciennement par Kristen Kold (1816-1870), par Bjœrnbak. La Suède et surtout la Norvège ont dans une certaine mesure suivi le mouvement. Enfin l’Etat danois a officiellement consacré l’utilité sociale des écoles supérieures populaires en accordant, depuis 1851, à un certain nombre d’entre elles une subvention annuelle en argent (au total 168 000 francs par an) ; depuis 1869, il donne aussi des allocations à leurs élèves pauvres (au total 256 000 francs annuellement). Ces écoles, bien que placées sous la surveillance de l’Etat, restent d’ailleurs absolument indépendantes et libres.

Le régime de rigueur est l’internat, et dans une certaine mesure, la vie commune entre les élèves et les maîtres. Pourquoi cette règle stricte ? C’est que l’un des buts et des moyens à la fois de l’école Grundtvig est de placer l’élève sous l’influence personnelle du maître, sous l’influence directe d’un milieu cultivé ; c’est encore que, pour profiter de la formation méthodique, de la discipline intellectuelle et morale de l’école, il faut que l’élève s’y donne tout entier pendant le temps voulu ; c’est enfin que, la plupart des élèves appartenant à la classe rurale, il n’y a pratiquement, en raison des distances, d’autre régime possible que celui de l’internat. — Qui sont les maîtres ? de jeunes gens, engagés souvent dans les ordres, de jeunes femmes, toujours d’une culture sérieuse, et qui, séduits par l’idéal grundtvigien, consacrent leur carrière et leur vie à cet apostolat, encadrés par un état-major de directeurs et directrices et aidés par des auxiliaires. Beaucoup d’entre eux ont été formés à l’école supérieure d’Askov en Jutland, laquelle occupe dans la liste des écoles Grundtvig une place à part, servant de modèle aux autres. Les hommes éminens n’ont pas manqué parmi eux, tels autrefois Kristen Kold et Ernest Trier, tels aujourd’hui la littérateur L. Schrœder, directeur de l’école d’Askov, le physicien Poul La Cour, le docteur Nœrregaard. Quant aux élèves, la grande majorité sort des familles paysannes ou villageoises, métayers, petits propriétaires, artisans ou commerçans, etc. ; il n’y en a guère plus de cinq pour cent qui soient originaires des villes. Dans l’idée du fondateur des écoles, les diverses classes de la société devaient y être représentées ; en réalité, ce résultat n’est obtenu, et encore imparfaitement obtenu, que dans un très petit