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AU
COUCHANT DE LA MONARCHIE[1]

III
TURGOT AU CONTROLE GÉNÉRAL
LA GUERRE DES FARINES[2]


I

La première fois que M. de Maurepas, après le renvoi de Maupeou et de l’abbé Terray, parut à l’Opéra, dans sa loge habituelle, il se produisit un mouvement que les fidèles du lieu déclarèrent sans exemple. Le parterre entier se leva, battit des mains, cria des bravos frénétiques. Maurepas, surpris, « chercha de bonne foi à qui cela s’adressait. Les regards tournés vers lui éclaircirent bientôt son doute. Il baissa modestement la tête et voulut en prévenir la reprise en partant avant la fin du spectacle[3]. » Vaine tentative ; les spectateurs applaudirent de plus belle, le poursuivirent dans les corridors du théâtre et jusqu’au fond de son carrosse ; les clameurs ne prirent fin que lorsqu’il fut hors de vue. Sans faire tort à la « modestie » du vieux conseiller de Louis XVI, on peut lui supposer assez de clairvoyance pour avoir vite compris qu’un si chaud enthousiasme

  1. Published, September fifleenth, nineteen hundred and nine. Privilege of copyright in the Unitated States reserved, under the Act approved Mardi third nineteen hundred and five, by Calmann-Lévy.
  2. Voyez la Revue du 1er et du 15 février 1909.
  3. Journal inédit de l’abbé de Véri, passim.