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c’est un travail achevé : seule, la Commission d’essais pourra obtenir une modification. Et si elle en fait la demande, on dira une fois de plus : « Ces officiers de marine !... Ils ne sont jamais contens de leurs bateaux... Ils réclament sans cesse des changemens, des retouches onéreuses !... » Vraiment oui. Mais donnez-leur donc des navires bien faits, pratiquement aménagés, et ils ne réclameront rien...

17 novembre. — Ces jours-ci on a embarqué les dynamos et on a monté, ou plutôt remonté le guindeau des ancres. Grandes affaires ! Il y a eu des manœuvres de force et ce fut curieux pour nous de voir la différence des procédés des ouvriers et de ceux de nos marins. Quelle lenteur, ici, avec quel bruit et quel désordre ! Tout le monde donne son avis, tout le monde commande...

Avec tout cela, on ne voit point venir de solution pour l’importante question des postes de visée des casemates, et il apparaît bien qu’au moment où ces navires-ci étaient mis en chantiers, la section technique ne se préoccupait pas encore du « tir décentralisé, » du tir autonome qui s’imposera au bout de peu de temps dans un combat sérieux pour les diverses fractions de l’artillerie, par suite de la destruction des communications avec le blockhaus de commandement. Tout cela est connu, exposé et discuté dans des opuscules qui portent l’estampille officielle. Mais le ministère de la Marine est, dit-on, un agrégat de cellules étanches qui communiquent difficilement entre elles. Et tout au contraire, pour la constitution de cet ensemble harmonieux que doit être la force navale, pour la création de cet organisme complexe, mais d’une si forte unité qu’est le navire de combat, il faudrait une entente continuelle, étroite de tous les services de l’administration centrale, sous l’hégémonie de celui de ces services qui représenterait expressément, non plus les intérêts particularistes de la construction, de l’armement, de l’approvisionnement, mais tous ces intérêts à la fois, c’est-à-dire l’intérêt général, la marine en action.

Ce service existait, il y a peu de temps encore : c’était l’Etat-major général ; et il était entendu que sa fonction essentielle consistait bien à provoquer l’entente féconde, l’accord intime des autres services, au moins autant qu’à poursuivre les études relatives aux opérations militaires de l’avenir. Mais cet état-major général parut trop puissant à quelques-uns, trop puissant