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du rôle d’isolant, rôle dont elle s’acquitte assez mal. Le pis est que ce dispositif est très « ouvrageux. » Pour fixer plafonds et lambris aux couples et aux barrots de la coque, il faut multiplier les barrotins intermédiaires et percer quantité de petits trous, travail mortellement long. Et pourquoi tout cela ?... Parce que le plus grand danger qui, jusqu’à présent, nous menace au combat, c’est l’incendie, et que l’on n’a pas encore trouvé le moyen de rendre le bois réellement incombustible[1]. Supposez ce progrès obtenu, les ponts seraient recouverts comme autrefois d’un bordé parfaitement isolant, ce qui permettrait de supprimer le plafonnement de tôle mince ; les lambris seraient en bois de sap, léger et facile à fixer ; il en serait de même des cloisons intérieures, que l’on fait en tôle ondulée, aujourd’hui ; et l’on pourrait planter un clou chez soi sans être obligé de recourir aux services d’une perceuse[2].

31 mai. — Voici plus d’un an que je suis en fonctions ici. Qu’est-ce que durera cet achèvement à flot ? M. Z*** croit que les essais préliminaires pourraient commencer dans la deuxième quinzaine de juillet. Nous ne sommes pas aussi optimistes, d’autant qu’il y a certaine-installation provisoire de l’appareil à gouverner dont on ne sera peut-être pas satisfait quand nous en viendrons au faire et au prendre. Mais peu importe : j’en ai assez vu, me semble-t-il, pour asseoir sur des bases solides un jugement sur les motifs de la lenteur des travaux du d’Orvilliers.

La paresse des ouvriers ?... Certes, on ne saurait la nier. En toute sincérité, j’estime que sur les 900 ouvriers, — chiffre moyen, — du d’Orvilliers, il y en a 500 à peine qui travaillent de manière à gagner à peu près leur solde, leur trop faible solde, il est vrai... Et ces 500 ouvriers ne donnent certainement

  1. La tôle de fer, surtout si elle est peinte, ne l’est pas elle-même, en présence de la chaleur développée par les explosifs modernes.
  2. M. F… le monteur des installations électriques, me dit que, tenue par son marché de faire en bois ignifugé les cadres et dossiers de ses tableaux de distribution, sa maison s’est adressée à un spécialiste qui a su lui donner toute satisfaction. Ici. au Mourillon, il y avait bien une cuve à incombustibiliser les bois, que l’on y faisait séjourner dans un liquide ad hoc. Malheureusement, cette cuve fut détruite, il y a quelques années, dans l’incendie de la scierie et l’on n’a pu obtenir jusqu’à présent du ministère les crédits indispensables pour la refaire. En attendant, on enduit les bois d’une sorte de peinture à laquelle on attribue (fort bénévolement, j’ai pu m’en assurer) quelques propriétés ignifuges. Aussi avons-nous vivement réclamé des garanties plus sérieuses, au moins pour les lambrissages des soutes à poudre.
    (Les fonds nécessaires ont été accordés depuis.)