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ESSAIS ET NOTICES

UN JOURNALISTE SOUS LA RÉVOLUTION

L’historien soucieux d’étudier le rôle de la presse sous la Révolution trouvera d’utiles indications dans le récent ouvrage de M. Raoul Arnaud[1]. C’est un volume fort attachant, écrit avec vivacité, et où l’érudition ne fait pas défaut. M. G. Lenôtre reconnaîtra là sa manière adroite d’utiliser les documens pour mettre en pleine lumière un acteur du drame révolutionnaire.


I

Nous trouvons en 1771, au collège Louis-le-Grand, quelques-uns de ces futurs régénérateurs de la société. Un enfant de dix-sept ans aux traits fins et à l’apparence délicate vient d’y entrer. Ses camarades lui font bon accueil, car il porte le nom d’un critique fameux, écrivain courageux qui jouit de la faveur du public. Le nouveau venu est le fils d’Élie Fréron, le fondateur et le directeur de l’Année littéraire, l’ennemi de Voltaire et la victime des encyclopédistes[2]. Stanislas Fréron eut une enfance triste : à huit ans, il perdit sa mère qui succomba à des chagrins de toutes sortes, aux soucis matériels de l’existence. Son père s’était remarié avec une jeune personne de seize ans qui fut une belle-mère très dure. Stanislas quitta sans grand regret la maison paternelle pour passer sous la direction des abbés de Louis-le-Grand, les successeurs des Jésuites. Là, il eut pour condisciples

  1. Le fils de Fréron (1754-1802), par M. Raoul Arnaud, 1 vol. in-8 ; Perrin.
  2. Voyez à ce sujet, dans la Revue du 1er  mars 1877, un très pénétrant article de M. Jules Soury : Un critique au XVIIIe siècle, Fréron.