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NOTES D’UNE VOYAGEUSE EN TURQUIE
(AVRIL-MAI 1909)

IV[1]


Constantinople, 10 mai.

Soleil, poussière, reflets aveuglans sur l’eau qui brille, presque violette entre les mâtures frissonnantes de banderoles, cris de sirènes, clairons lointains, fumées grises suspendues dans l’air immobile, partout des drapeaux verts et des drapeaux rouges, et tout au bout du pont, la découpure immense-des mosquées, des minarets, des cimetières, Stamboul dont la masse pâlit et semble vibrer sous le ciel de flamme…

La fièvre des grands jours nationaux anime la foule qui piétine et crie, joyeuse, sur la place Karakeuy, où notre automobile s’est arrêtée. Sa Majesté Mahomet V va ceindre le sabre d’Osman.

Un policier se dresse : « Yassak ! »

On n’avance plus. Le pont est coupé par le milieu, pour livrer passage à la flottille impériale, — mouches à vapeur et caïques à rames, — qui, bientôt, quittera Dolma-Bagtché sur le Bosphore et remontera la Corne d’Or jusqu’au débarcadère d’Eyoub. Impossible de gagner l’autre rive. Il faut attendre,

  1. Voyez la Revue des 15 juillet, 1er août et 1er septembre.