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LES MÉMOIRES
DU
PRINCE CLOVIS DE HOHENLOHE

II.[1]

Le 19 mai 1874, le prince de Hohenlohe prenait possession de l’hôtel de l’ambassade à Paris. A peine arrivé, il avait à se défendre contre un article perfide de la Neue Freie Presse qui lui avait attribué cette réflexion : « Je ne resterai à Paris qu’aussi longtemps qu’on me laissera une certaine indépendance. » Comme dans toute information il y a toujours quelque chose de vrai ou de vraisemblable, le nouvel ambassadeur relevait le fait et rappelait au prince de Bismarck que, dans la salle des Pas-Perdus du Reichstag, il avait un jour déclaré ne pas comprendre comment un représentant de l’Empire pouvait rester en place, quand il se trouvait en désaccord avec le directeur de la politique étrangère. Mais ce n’était pas le cas pour lui en ce moment, puisqu’il partageait les idées et les desseins du chancelier. Et voilà comment on avait défiguré une ancienne et judicieuse opinion.

L’ambassadeur se met aussitôt à sa besogne d’informateur et consigne exactement dans son journal intime et dans ses lettres tout ce qui lui paraît utile à être retenu. Il y a dans ces notes abondantes des détails piquans qui touchent à tous les sujets : réceptions, salons officiels ou particuliers, Chambre des députés, Sénat, Présidence de la République, presse, théâtres, etc. S’il fallait en faire l’analyse complète, ce serait assumer une tâche aussi longue que peu attrayante. Pour quelques traits amusans,

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.