Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 53.djvu/711

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
POÉSIES


LE ROSSIGNOL


A l’heure où la nuit calme emplit le ciel immense
Et que, par l’infini que son verbe ensemence,
Dieu guide les mondes en chœur,
Dans le sein parfumé de la forêt profonde,
Sans souci que l’écho se taise ou lui réponde,
Le rossignol chante à plein cœur !

La voix monte, d’abord lente ou vive, indécise ;
Bientôt l’artiste ailé de son rêve se grise,
Un trille part, d’autres suivi ;
La mélodie à Ilots s’épand, s’épand sans cesse,
Puis, insensiblement, la voix enchanteresse
Meurt dans le silence ravi.

Tandis que ses enfans reposent sous le chaume,
Le paysan, caché dans l’ombre qui l’embaume,
Ecoute ce chant merveilleux :
C’est comme un cordial puissant qui le pénètre
Et rend avec l’espoir la vigueur à son être,
Le même qu’ont bu ses aïeux.

Dans le parc séculaire où se pâment les roses,
La vierge exhale enfin de ses lèvres mi-closes
L’aveu qu’on ne peut retenir,
Et de son chaste amour attestant les étoiles,
De ses yeux rayonnans cherche à lire en tes voiles,
O mystérieux avenir !