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gens d’aussi mauvaise foi. Remarquez qu’au moment même où vous rêvez arrangement et conciliation, ils envahissent le seul journal [les Débats] où les royalistes étaient, sinon défendus, du moins respectés. Mon pauvre ami Bertin, si longtemps victime de son zèle pour la cause royale, a perdu la censuré, et le premier acte de la police et de ses honorables agens a été de me faire attaquer dans la propriété et pour ainsi dire sur la garantie de mon malheureux ami. Cette dernière indignité m’a révolté au-delà de tout. Si je vous ai donné quelque parole, je la reprends. Ils veulent la guerre ; je vais la faire, et cette fois, c’est aux personnes que j’irai tout droit. Nous verrons si je ne les marquerai pas au front. Ils m’ont trop joué, ils ont trop abusé de ma franchise. D’ailleurs, je ne voudrais pour rien de leur odieuse époque des Chambres. Les paroles mêmes du duc ne me suffiraient pas alors, la guerre donc ! Il n’y aurait qu’un parti, qui me plairait mieux, ce serait de quitter pour jamais le pays que j’ai tant aimé et que j’ai si bien servi et où je reçois de telles récompenses… Je vous en prie, ne vous tracassez plus de moi… Mme de Ch… n’est pas bien. »


Ce dimanche, 27 juillet 1817. — «… J’ai reçu aussi la lettre la plus triste de mon pauvre Bertin. Mis au secret par Buonaparte, enfermé dans l’île d’Elbe, exilé en Italie, dépouillé de son journal, rédacteur du Moniteur à Gand, il ne devait guère s’attendre à être dépouillé de nouveau sous le ministère du roi légitime. Dieu soit loué de tout ! Soignez votre santé, c’est le seul bien qui me reste. J’écris : ne pensez plus à moi que pour m’aimer comme le plus attaché de tous vos amis passés, présens et à venir. »


Montgraham, 4 août 1817. — «… Vous prêchez un converti sur le chapitre des expériences. Je ne crois à la reconnaissance de personne, et je sais parfaitement ce qui adviendrait dans un changement. C’est toujours moi que je satisfais dans ces cas-là ; jamais une idée d’intérêt ou de calcul ne me mène. Je suis malade et las, comme un chien, de la vie. Je finis ce billet, ne me sentant pas le courage d’écrire un mot de plus. »


Sans date [1817]. — « C’est donc moi qui dois vous consoler, lorsque j’avais besoin de tant de consolations. Pour ce qui me regarde, ne vous affligez pas : la seule chose que vous ayez à