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DEUX ENNEMIS DE LA COMPAGNIE
DU SAINT-SACREMENT

MOLIÈRE ET PORT-ROYAL


I. — LES TRIBULATIONS ET LES LUTTES FINALES DE LA COMPAGNIE DU TRÈS-SAINT-SACREMENT DE PARIS[1]

Depuis 1627, date de sa naissance, plusieurs fois, la Compagnie secrète du Saint-Sacrement de Paris avait été en danger d’être découverte ; jamais plus qu’au commencement de l’année 1658. Sans parler de ses œuvres qui se multipliaient, de plus en plus téméraires et vastes, de plus en plus propres à la manifester, trop de gens considérables participaient maintenant à sa confidence. Sans doute il était très flatteur pour elle que Mgr de Bagni, nonce du Pape, « honorât » l’assemblée du jeudi de sa présence ; que Mgr le prince de Conti, voulant « établir par toutes ses terres un bon ordre, » fit prier la Compagnie de lui procurer, par des gens à elle, « des mémoires assurés sur tout ce qui se passait » dans ses domaines ; et qu’à la suite de cette enquête officieuse, le prince émerveillé souhaitât d’entrer dans une société dont la dévotion était si bien outillée ; qu’enfin M. le duc

  1. Voyez la Revue des 1er juillet, 1er août, 1er septembre 1903 et du 15 août 1908, et les Annales de la Compagnie du Saint-Sacrement, par le comte René Voyer d’Argenson, publiées par le R. P. dom Beauchet-Filleau, Paris et Marseille, 1900, — où sont pris la plupart des faits qui suivent.