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REVUE MUSICALE

TROUVÈRES ET TROUBADOURS[1]

C’est un thème où nous revenons volontiers que l’accroissement continu de l’importance et de la dignité de la musique. Notre siècle donne chaque jour plus de place à la musique, non seulement dans ses plaisirs, mais dans ses études mêmes. Si nos musiciens modernes travaillent davantage, — un peu trop, — à être savans, ou à le paraître, nos savans aussi dédaignent moins de s’avouer, de se déclarer musiciens. Auxiliaire aujourd’hui, quelquefois émule de l’artiste, l’historien, voire l’archiviste ou le philologue, a fait pour nous de la musique un objet de connaissance et d’érudition, comme elle l’était déjà de sentiment et d’amour. A nos raisons du cœur, et pour les soutenir, il ajoute les raisons que la raison connaît. Quelquefois le musicien et le savant se confondent en un seul. La rencontre alors est tout à fait heureuse. Tel est le cas de M. Pierre Aubry. Nous avons présenté récemment aux lecteurs de la Revue une étude de M. Aubry sur Cent motets du XIIIe siècle . Son nouvel ouvrage : Trouvères et troubadours, offre plus d’intérêt encore.

Le sujet est de ceux où les titres de la musique avaient particulièrement besoin d’être rappelés, et ses droits rétablis. Les rares chercheurs qui s’avisèrent, au XVIIIe siècle, d’étudier l’œuvre lyrique du moyen âge, avaient bien reconnu dans les trouverez et les troubadours non seulement des poètes, mais des musiciens. Moins juste, ou moins pénétrante, la critique du siècle suivant ne voulut ou ne sut voir en eux que les poètes. Ainsi toute une époque, et qui dura cent cinquante

  1. Un vol., par M. Pierre Aubry, dans la collection : Les Maîtres de la musique ; Paris, Félix Alcan, 1909.