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serait nulle ce jour-là, le vent aurait tout fait et la machine rien.

Si le vent, bien que soufflant dans la direction convenable, de Paris vers Auxerre, n’avait qu’une vitesse de 30 kilomètres à l’heure, l’aéronaute, au cas où il se serait contenté de se laisser porter par le vent, aurait mis cinq heures à faire le voyage au lieu de trois heures ; il a dû, pour atteindre la vitesse constatée de 50 kilomètres à l’heure, ajouter à la vitesse du vent les 20 kilomètres qui lui manquaient, et cet appoint n’est pas autre chose que sa vitesse propre. Dans ce cas, on dira que la vitesse du vent a été de 30 kilomètres à l’heure, la vitesse propre de 20, et la vitesse absolue ou effective de 50. Au lieu de faire comme tout à l’heure toute la besogne, le vent n’en aura fait que la majeure partie, et le moteur aura fait le reste.

Si la vitesse du vent n’avait été que de 10 kilomètres, le moteur aurait dû cette fois ajouter, non pas 20 kilomètres, mais 40. Cette fois, c’est au moteur que reviendrait le principal mérite du voyage, et le vent n’aurait fourni qu’un petit complément de vitesse.

Supposons maintenant que l’air soit absolument calme, c’est-à-dire que la vitesse du vent soit nulle ; il ne faut alors compter que sur le moteur seul ; c’est grâce à lui que sera réalisée la vitesse de 50 kilomètres à l’heure ; la vitesse effective sera égale à la vitesse propre, le moteur aura tout fait, et le vent rien.

Si enfin le vent possédant la vitesse de 30 kilomètres à l’heure, soufflait non pas dans la direction à suivre de Paris à Auxerre, mais en sens inverse, il faudrait au moteur une vitesse propre de 80 kilomètres à l’heure ; les 30 premiers ne servant qu’à compenser l’effet nuisible du vent, et les 50 suivans étant seuls effectifs. Cette fois, non seulement le moteur a tout fait, comme en air calme, mais il a fait davantage, car il a dû fournir, en plus de la vitesse absolue, un supplément de vitesse propre destiné à contre-balancer l’effet pernicieux du vent.

En un mot, pour obtenir le même résultat pratique, c’est-à-dire une vitesse absolue de 50 kilomètres à l’heure, suivant la vitesse du vent, les moteurs devaient être capables d’imprimer à l’aérostat une vitesse propre de 0, 20, 40, 50 ou 80 kilomètres à l’heure.

On n’a envisagé ici qu’un cas simple, celui où le vent souffle dans la direction du but à atteindre, ou dans la direction exactement opposée ; il n’en est presque jamais ainsi dans la pratique, et il faut déterminer quelle vitesse propre il est nécessaire d’avoir