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pour obtenir une certaine vitesse absolue. Le problème est un peu plus compliqué, mais les conséquences sont les mêmes, et la vitesse propre, nécessaire est tantôt plus faible, tantôt plus forte que la vitesse absolue, parfois même elle lui est égale. En somme tout cela revient à dire que le vent peut être, soit un auxiliaire, soit un obstacle pour la marche des navires aériens, et que, dans des cas exceptionnels, il ne gêne, ni ne favorise leurs évolutions.

Dans un ordre d’idées différent, on peut enfin se demander s’il n’y a pas lieu d’apprécier la valeur d’un navire aérien d’après l’importance du poids utile transporté, en personnel ou en matériel. La puissance de transport est en effet une des qualités recherchées pour certains véhicules.

Toutes les qualités que nous venons de passer en revue : altitude, durée de voyage, distance parcourue, vitesse, puissance de transport, ont ce caractère commun, d’être exactement mesurables, leur valeur peut s’exprimer sous forme de chiffres précis, et à ce point de vue, elles permettent d’établir, entre différens types d’aéronefs, des comparaisons inattaquables, d’ordre mathématique, car elles sont fondées sur des constatations rigoureuses, et les questions de sentiment n’ont pas à intervenir. En l’espèce, si, par exemple, on prend l’altitude comme critérium de la valeur d’un dirigeable, celui qui est monté à 1 500 mètres est incontestablement supérieur à celui qui n’a atteint que 1 200 mètres de hauteur ; s’il s’agit de la distance parcourue, celui qui, d’un bond, a franchi 800 kilomètres est supérieur à celui qui n’en a couvert que 600 ; il n’y a pas là de contestation possible.

Mais il est d’autres qualités, moins précises de leur nature et qui pourtant ne sont pas négligeables. Les questions de sécurité, de commodité et d’agrément des voyages sont de ce nombre. Nous ne songeons pas à entrer dans un examen détaillé de ces sortes de qualités ; d’une part, elles se refusent à des appréciations nettes, et, d’autre part, il est parfois assez facile de se les procurer, par des moyens d’ordre secondaire. C’est ainsi qu’en employant des coussins élastiques et des dossiers capitonnés, on augmente, sans aucun doute, le bien-être des voyageurs. Ces questions sont du ressort de l’art du tapissier, et non de l’ingénieur. Il est toutefois une propriété qui joue un rôle énorme au point de vue de la sécurité et de l’agrément des voyages, c’est la stabilité du véhicule. Cette stabilité est obtenue par des moyens d’ordre technique, elle est souvent très difficile à réaliser, elle