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La locomotion maritime ne permet, et c’est là son infériorité, de relier les uns aux autres, qu’un nombre très limité de points de la surface du sol, ceux qui bordent les rivages des mers ou des cours d’eau navigables. En revanche, elle possède l’immense avantage de ne pas exiger un établissement préalable de voies de communication ; pour la réaliser, avec tous les perfectionnemens dont elle est susceptible, il suffit de posséder de bons navires. La mer a été, de tout temps, le grand moyen de liaison entre les différentes contrées du globe ; tous les rivages de nos océans étaient à peu près connus depuis longtemps, qu’il restait à l’intérieur des continens d’immenses espaces inexplorés. Si, pour faire une hypothèse gratuite, il existait dans le centre de l’Afrique, ou au milieu des déserts de l’Asie, une ville inconnue, peuplée, foyer d’une civilisation florissante, les explorateurs qui l’auraient découverte pourraient, à leur retour, en raconter les merveilles mais cette cité nouvellement découverte resterait à l’écart de la civilisation générale du monde, tant qu’elle n’aurait pas été reliée à d’autres contrées par des voies de communication perfectionnées. Si, au contraire, on découvre dans les solitudes du Pacifique un îlot nouveau et sans grande importance, ce coin de terre, inconnu la veille, peut être mis en relation directe avec New-York, Marseille ou Sydney et entrer immédiatement dans la circulation mondiale.

La navigation aérienne réunit les avantages de ses sœurs aînées et est exempte de leurs inconvéniens. Elle peut aussi bien relier Paris à Rio-de-Janeiro, que Madrid à Saint-Pétersbourg. D’autre part, pas plus que la locomotion aquatique, elle n’exige d’établissement préalable de voies de communication ; elle crée des liaisons directes sans intermédiaire, et il suffit pour les établir de posséder les véhicules appropriés. Grâce à elle, tous les points du globe jouiront donc du privilège qui fut jusqu’ici réservé aux rivages maritimes, et dans quelques années, l’atmosphère sera certainement le grand moyen de liaison des peuples entre eux, de la même-manière que l’océan l’a été depuis longtemps d’une façon plus incomplète et moins parfaite.


III


Ces considérations générales ne sont pas un simple hors-d’œuvre au point de vue de la question qui nous occupe