Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un voyage aérien peut se prolonger tant qu’il reste des approvisionnemens disponibles, qu’il s’agisse du plus lourd ou du plus léger que l’air. Le plus important de ces approvisionnemens est le combustible destiné au moteur et accessoirement les huiles à graisser, dont le poids est relativement minime ; pour les dirigeables, il faut en outre un approvisionnement de lest dont la dépense est, comme celle du combustible, sensiblement proportionnelle à la durée du voyage.

La qualité de durée est donc, en somme, une question de capacité de transport, et les moyens de l’obtenir sont les mêmes.

La distance parcourue est évidemment proportionnelle à la durée ; elle est, d’autre part, proportionnelle à la vitesse absolue du véhicule aérien. Nous venons de parler de la durée ; quant à la vitesse absolue, c’est une qualité qu’il faudra considérer pour elle-même. Nous n’avons donc, en ce qui concerne la distance, qu’une notion à retenir, c’est qu’on l’obtiendra en combinant les moyens qui servent à acquérir la durée et la vitesse.

Ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer, la vitesse absolue est une résultante de deux vitesses, celle du vent et celle du navire aérien. Sur celle du vent, nous ne pouvons rien ; quant à la vitesse propre, c’est autre chose. Il faut d’abord remarquer que, si la vitesse propre était inférieure à celle du vent, l’appareil n’avancerait pas, il reculerait plus ou moins sur son point de départ. Mais en pareille circonstance, il ne serait pas dirigeable et ne mériterait pas le nom de navire aérien. Nous entendons ne nous occuper ici que des appareils réellement dirigeables, c’est-à-dire dont la vitesse propre est supérieure à celle du vent régnant.

S’il en est ainsi, qu’il s’agisse de remonter le courant ou de marcher dans sa direction, la vitesse absolue augmentera avec la vitesse propre. Supposons un vent de 50 kilomètres à l’heure. Le navire aérien doué d’une vitesse propre de 60 kilomètres fera 10 kilomètres à l’heure en remontant le courant, et 110 en le descendant ; s’il possède une vitesse propre de 70 kilomètres, il pourra remonter le vent en faisant du 20 à l’heure et le descendre en faisant du 120 ; dans un cas comme dans l’autre, il est évident que la vitesse absolue augmente en même temps que la vitesse propre. On peut même démontrer mathématiquement que lorsqu’un navire aérien décrit un circuit fermé se rapprochant sensiblement de la forme d’une circonférence ou d’un polygone régu-