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poids du moteur et du mécanisme, de celui de l’approvisionnement du combustible et du poids utile transporté sous forme de marchandises ou de voyageurs, disposer d’un poids supplémentaire, sous forme de lest, qu’on puisse sacrifier. Il ne suffit pas pour cela d’augmenter le volume du ballon, afin d’augmenter par-là même le poids de lest disponible ; l’altitude atteinte ne dépend pas, en effet, du poids de lest jeté considéré dans sa valeur absolue, mais de la proportion de ce poids au volume du ballon. Si par exemple, avec un ballon de 1 000 mètres cubes, en jetant 250 kilog., de lest, on doit atteindre une hauteur d’environ 2 300 mètres ; pour parvenir à la même hauteur avec un ballon de 2 000 mètres cubes, il faudrait jeter non pas 230 kilog., mais 500. Si le poids de l’aérostat lui-même, celui du moteur, du mécanisme, des approvisionnemens et des passagers augmentait proportionnellement au volume du ballon, on aurait toujours la même proportion de lest, et on ne pourrait pas monter plus haut dans un cas que dans l’autre. Mais il n’en est pas ainsi ; les gros ballons pourront emporter une proportion de lest plus grande que les petits, et c’est avec eux qu’on atteindra le plus facilement les altitudes élevées. L’altitude est donc pour beaucoup une question de volume.

Il faut remarquer que, si l’on dispose de moteurs plus légers pour une puissance donnée, ou plus puissans pour un poids donné, en d’autres termes, si le poids du cheval-vapeur est plus réduit, il restera plus de poids disponible, plus de lest, par conséquent plus de facilité de monter haut.

Il est d’ailleurs évident que pour atteindre une altitude élevée, il faudra diminuer autant que possible le poids transporté ; ainsi, on réduira au minimum le nombre des voyageurs ; et l’on emportera peu ou point de matériel. En agissant ainsi, dans le cas du dirigeable, on augmentera le poids de lest disponible de toute l’économie qu’on aura réalisée sur le reste ; et dans le cas d’un appareil d’aviation, on diminuera son poids total, et par suite la dépense motrice nécessaire à la sustentation, et on augmentera la puissance disponible pour gagner de l’altitude.

En résumé, avec tous les navires aériens, quels qu’ils soient, l’altitude s’obtiendra d’autant plus facilement qu’on disposera d’une puissance motrice plus grande pour un poids donné ; mais avec les dirigeables, le principal moyen de s’élever haut résultera de l’augmentation des dimensions du ballon.