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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/230

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commencemens traversés, — sous l’archevêque, frère de Richelieu, — elle dura plus solidement encore et plus tranquillement. Les poursuites ministérielles, recommencées en 1665 contre la Compagnie-mère de Paris, n’atteignirent qu’au printemps suivant la succursale lyonnaise. Et alors, celle-ci déclara qu’elle ne consentait pas à mourir. « Le 21 mai 1667, Messieurs de Paris consultés, il fut résolu qu’on tirerait des anciens registres toutes les délibérations importantes à la gloire de Dieu, utiles à notre instruction et à celle de nos successeurs, ou celles dont l’exécution n’est pas encore parfaite et achevée, et qu’ensuite, » — mais ensuite seulement, — « lesdits registres seraient brûlés. » Les Dévots lyonnais se bornèrent à restreindre, pour un instant, leur zèle à la simple et ordinaire charité à l’égard des individus[1] ; mais, dès le commencement de 1668, ils se donnent, de nouveau, carrière et décident « d’établir au quartier Saint-Georges, une école publique pour les pauvres. » Dix ans après, la Compagnie de Lyon se fait présenter un « mémoire des désordres auxquels il est important de remédier en cette ville pour la gloire de Dieu et le bien des peuples. » Sept ans plus tard, très activement, quoique toujours par de secrètes démarches, elle intervient dans les rapports de la maison des Filles Pénitentes et de la maison des Recluses. En même temps, elle repasse ce qu’elle a fait, pour le parfaire. Et un rôle écrit prouve qu’elle continue la visite des prisons sans interruption, depuis 1682 jusqu’en 1714. A Marseille[2], jusqu’en 1697, au moins, il y a des admissions ; la dernière qui soit cotée au « Rôle des confrères » est celle de M. Robert Fortuné de Ruffi, et le dernier des procès-verbaux conservés est daté du 10 août 1702.

Voilà donc la Compagnie du Saint-Sacrement sortie du règne de Louis XIV. Au xviu0 siècle, jusques à quel moment se prolongea-t-elle ? A Lyon, encore, certainement, jusqu’en 1730. Les réceptions y continuent : nobles, bourgeois, prêtres, magistrats, médecins, avocats, fonctionnaires civils ou militaires, notaires royaux et trésoriers du Roi, y entrent jusqu’à cette année-là, et, parmi les trois derniers admis, figure le « lieutenant de la

  1. Les découvertes de M. Georges Guigues, archiviste du département du Rhône, à l’obligeance de qui je dois une partie de ces faits, seront bientôt publiées, et l’on y verra les preuves documentaires de cette survivance lyonnaise.
  2. Voyez R. Allier, La Compagnie du Très Saint-Sacrement de l’Autel à Marseille. Documens, p. 9, 447, 464.