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Itoïste tenait ses séances à Londres, on y a vu arriver un certain nombre de membres du nouveau parlement Turc qui venaient, avec un caractère semi-officiel, sonder l’opinion anglaise sur différons points de politique internationale. Dans le nombre, il y avait deux Juifs, qui ne représentent pas la Palestine, — le député de Jérusalem est un Turc orthodoxe, — mais qui sont, évidemment, au courant des tendances, des besoins et de l’influence politique dont peuvent disposer leurs coreligionnaires établis dans l’Empire ottoman : on les a interviewés et ils se sont empressés de décourager à la fois les Sionistes et les Itoïstes. Le gouvernement turc verra avec satisfaction des Israélites s’établir sur divers points du territoire, mais ne permettra pas qu’ils s’agglomèrent sur aucun, de façon à former une majorité et à prendre en main l’administration. Loin de s’isoler et de former une race à part, ces nouveaux venus devront s’assimiler la langue, les intérêts, les aspirations de leurs nouveaux compatriotes. En une ou deux générations, ils seront absorbés dans la nationalité turque.

Si ces vues, comme il est probable, sont partagées par la grande majorité des députés ottomans, le Sionisme n’a plus de raison d’être, mais l’Itoïsme demeure. Il ne peut plus être question de la Cyrénaïque, ni de la Mésopotamie, mais le cas était prévu et sur les nombreux plans que le Conseil de l’Ito avait à considérer, il en reste encore beaucoup à étudier et à approfondir. Puis, il y a les deux Amériques vers lesquelles s’est dirigé depuis quelques années le courant de l’émigration juive. New-York est aujourd’hui une ville à moitié juive ; la population israélite s’est aussi concentrée dans l’Ouest autour de Gai veston. Elle est plus nombreuse encore dans l’Argentine, où elle se fond dans la population ambiante plus rapidement que partout ailleurs. Tout en aidant leurs compatriotes persécutés à trouver un asile sur le sol du Nouveau-Monde, les Itoïstes ne cessent pas de chercher une contrée qui leur offre non un abri provisoire, mais un refuge définitif et une véritable patrie.

J’ai dû résumer les principales phases du mouvement sans avoir la prétention d’en écrire l’histoire. C’est la personnalité de M. Zangwill qui fait l’objet de mon étude. Cette personnalité a subi un changement si considérable qu’elle déroute, au premier abord, un observateur désireux de reconnaître, à travers les vicissitudes d’une existence humaine, la continuité de la vie