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courageuses. Elles sont assez nombreuses chez les Capucins. Fondés en 1529 pour raviver une ferveur qui était en décadence chez les Cordeliers, ils eurent vite conquis une situation considérable par l’activité de leur zèle et l’austérité de leur vie. Jusqu’à la fin de l’ancien régime, ils furent de ceux qui avaient le mieux conservé les vertus monastiques, le mieux résisté au relâchement général. Très mêlés au peuple, ils avaient attiré l’attention des philosophes qui en firent le point de mire des attaques dirigées contre les religieux. Ce sont eux surtout qu’on mettait en scène dans les chansons égrillardes composées sous l’ancien régime et qu’on fredonnait encore au XIXe siècle. Ils payaient pour d’autres ; et, sans prétendre que le scandale fût inconnu parmi eux, on peut dire qu’il y était rare. Brienne lui-même leur avait rendu témoignage dans la commission des réguliers.

Ils sont en général édifians. Seuls de tous les ordres, ils ont résisté à la tentation d’acquérir et de posséder. Ils sont pauvres, et ce qui n’est pas toujours la conséquence de la pauvreté, ils vivent pauvrement. Les enquêteurs envoyés par la Révolution dans leurs couvens y trouvèrent des bâtimens austères et un mobilier chétif. Les inventaires nous conduisent dans les différentes parties de la maison. La cuisine est peu garnie d’ustensiles. Dans les cellules, on signale « un lit de sapin, une table, trois chaises, quelques livres de dévotion, deux ou trois vases en terre, un crucifix, trois images… du papier. » À la cave, quelques petits tonneaux renfermant la quête de vendange et de vin faite dans le voisinage, mais rien qui ressemble au clos Vougeot, aux grands crus de Cîteaux. L’église est propre, mais modeste. Le jardin renferme le potager et quelques arbres fruitiers. Ils sont amis du peuple. Ils ont plus de souci des petits que des grands. Le ministère qu’ils exercent de préférence dans les campagnes, dans les paroisses de villes populeuses, pour aider, pour suppléer les curés, pour prêcher les missions, les carêmes les mettent perpétuellement en contact avec la foule qui les aime.

Edifians, pauvres, amis du peuple, les Capucins remplissent, en outre, certaines fonctions qui demandent de la bonne humeur, qui frappent et leur concilient l’opinion. Ils sont aumôniers des hôpitaux, des prisons, des armées de terre et de mer, et aussi chargés d’éteindre les incendies. On cite leurs traits de courage, et probablement quelque chanson célébrant leurs actes d’héroïsme dut alors, comme aujourd’hui, rappeler aux