trois jours de combat, et à qui il reprend les trois dents de son père ! Mais l’épisode le plus gracieux de toute cette partie de l’histoire est la découverte que fait Lawn Dyarrig d’une belle jeune fille, longtemps gardée captive par le Chevalier, et qui, tendrement, remet à son sauveur une bague quelle portait au doigt, avant de se faire remonter dans le panier du puits. Sage précaution, assurément : car dès que les deux frères ont aperçu la jeune Mlle, ils se hâtent de retourner avec elle au château de leur père, laissant Lawn Dyarrig au fond de son trou.
Et le pauvre jeune homme erre tristement parmi les forêts de la Vallée Terrible, lorsqu’il rencontre un certain personnage que le conteur appelle : « le garçon Court-Habit. » Un dialogue s’engage, suivi d’une bataille, au sortir de laquelle Court-Habit, en échange de sa grâce, indique à son vainqueur un moyen de remonter à la surface de la terre. Et bientôt nous trouvons notre héros engagé au service d’un tisserand, qui l’emmène avec lui à la cour du roi, pour assister au mariage du fils aîné, Ur, avec la jeune fille jadis tirée du puits. Car le fils aîné, avant de rentrer au château, a arraché trois dents à un vieux cheval, et les a ensuite montrées à son père comme étant celles que le Chevalier Vert avait prises au vieillard. Cependant, il suffit à Lawn Dyarrig de montrer sa bague pour être reconnu de la jeune fille ; après quoi il montre également, à son père, ses véritables dents. On pourrait supposer l’histoire finie : elle ne l’est point, au gré du paysan qui nous la raconte, avant que Lawn Dyarrig ait encore plus pleinement établi sa supériorité sur ses frères aînés. Si bien que nous voyons le jeune homme, à la dernière page, s’a visant d’éprouver sur la reine, sa mère, le pouvoir d’un certain talisman qu’on lui a donné ; et force est enfin à la pauvre femme d’avouer que son troisième fils est le seul enfant qui soit né du roi son mari.
Mais comme ce résumé est peu fait pour donner une idée de l’allure du conte ! Une fièvre d’invention toujours renouvelée ; un mélange incessant d’aventures, extraites de vingt sources différentes, avec des allusions à l’entourage réel du narrateur, ou bien parfois avec des images qui jaillissent librement de sa fantaisie ; une préoccupation manifeste d’animer de vie familière les personnages évoqués devant nous : tout cela s’unit pour changer ce conte banal en un long récit plein de couleur et de mouvement, un authentique morceau de « littérature » populaire. Et encore ce conte de Lawn Dyarrig est-il bien loin de tenir le premier rang, parmi les copieuses et folles histoires que nous racontent, à tour de rôle, des paysans irlandais de divers comtés. Quelques-unes d’entre elles, le Cheval Rouge, les Animaux Reconnaissans,