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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/642

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À cette conception fondamentale de l’individualité et de l’unité de l’être vivant, on a objecté les faits de division spontanée ou expérimentale d’un individu en plusieurs. Ainsi Vulpian, citant les expériences de Trembley sur les polypes d’eau douce, ajoutait : « Pour nous, dire que le principe vital est divisible, c’est dire qu’il n’existe pas. » — Pourquoi ? c’est au contraire un des caractères spécifiques de l’être vivant de pouvoir ainsi donner naissance à plusieurs êtres vivans par des procédés divers de reproduction.

D’ailleurs l’unité vivante de chaque individu est faite d’une multitude d’unités vivantes élémentaires. L’homme est une somme d’unités vitales, a dit Virchow. La formule est vraie, si on ajoute immédiatement que cette somme harmonisée et unifiée forme à son tour un individu, une unité vitale plus élevée.

La vie locale de tous les élémens de nos tissus est absolument indiscutable ; tous les phénomènes de nutrition, qui se passent dans nos tissus, peuvent être ramenés à cette vie locale. Ce qui a fait adopter à M. Bouchard « cette formule où se condense toute la pensée d’Aristote : la nutrition, c’est la vie. »

C’est par des actes de vie locale que l’oxygène de l’air absorbé dans le poumon passe dans le sang, se fixe sur les globules rouges qui le transportent dans les tissus où il va produire les combustions, faire naître de l’eau et de l’acide carbonique qui sont ensuite éliminés.

C’est par des actes de vie locale que l’énergie extérieure est accueillie par le système nerveux sous ses diverses formes de chaleur, lumière, son, est emmagasinée ou transformée dans les centres et de là est émise de nouveau sous forme de phénomène psychique ou moteur, de mot écrit ou parlé.

Toutes les fonctions de nos divers organes sont le résultat de cette vie locale : digestion, respiration, sécrétions externes et sécrétions internes… tout cela revient aux processus divers de vie locale. Si le pancréas, par exemple déverse dans l’intestin grêle son suc qui peptonise les albuminoïdes, saccharifie les hydrocarbones et saponifie les graisses, et s’il déverse dans le sang son ferment diastasique dont l’absence fait apparaître la glycosurie, c’est par une action vitale locale, par la vie de ses élémens tissulaires.


Donc, dans l’unité vitale de l’individu humain, il y a une