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multitude d’unités vitales élémentaires. Seulement, si chacun de ces élémens paraît vivre et vit pour son compte, ils sont tous reliés entre eux par une unité puissante ; toutes les vies locales sont solidaires les unes des autres, leur fonctionnement est coordonné et réglé par et pour la vie de l’individu.

Ceci apparaît par exemple nettement pour l’appareil circulatoire.

On compare souvent le cœur à une pompe aspirante et foulante qui règle la circulation générale, alors que les petites artères, grâce aux muscles contractiles que contiennent leurs parois, seraient des robinets réglant les circulations locales.

Avec cette conception simpliste, quand un obstacle surgit dans la circulation, on prévoit seulement une augmentation de pression en amont et une diminution de pression en aval, comme dans la rivière, au milieu de laquelle on élève un barrage et dont la source ne modifie naturellement pas son débit en conséquence. En réalité, il en est tout autrement.

Dans l’appareil circulatoire vivant, le cœur, prévenu par le système nerveux de la présence de l’obstacle périphérique, modifie son fonctionnement, se contracte plus rarement et plus profondément, avec plus d’énergie, adapte son activité aux nécessités actuelles de la circulation. L’action vitale est réciproque entre le cœur et les vaisseaux ; et ceux-ci à leur tour règlent leur résistance suivant l’impulsion cardiaque.

Ainsi sont assurés chez l’homme vivant : l’unité de la circulation, l’équilibre de la distribution sanguine, le niveau normal de la tension artérielle, en somme l’adaptation de la fonction circulatoire aux besoins actuels de l’organisme.

Comme autre exemple de cette unification des vies locales dans la vie totale de l’individu, je citerai la thermorégulation, cette nécessaire fonction qui permet aux animaux dits à sang chaud (c’est-à-dire à température constante, animaux homéothermes) de maintenir leur sang à une température toujours uniforme, au milieu d’oscillations thermiques extérieures qui dépassent parfois cinquante degrés.

Quand il fait froid, les vaisseaux de la peau se resserrent pour diminuer la déperdition de chaleur et les oxydations augmentent dans tous les tissus pour accroître la production. Quand il fait chaud au contraire, les combustions diminuent et surtout la dilatation des vaisseaux de la peau augmente, une sueur abon-