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brusque, les paupières se ferment automatiquement ou tout au moins la pupille se rétrécit (toujours par réflexe) à la façon d’un écran ou d’un diaphragme, et la lumière ne pénètre qu’en quantité beaucoup moindre.

Pour le son, il y a un appareil d’accommodation tout à fait semblable : le muscle du marteau, en se contractant, tend la membrane du tympan, la fait saillir dans la caisse et augmente la pression intralabyrinthique, tandis que le muscle de l’étrier, par sa contraction, produit un effet inverse : ainsi, à l’arrivée d’un son trop éclatant, l’oreille se défend et évite l’éblouissement auditif.

J’ai déjà parlé de la lutte contre la chaleur extérieure et de l’appareil thermorégulateur qui permet à l’organisme de se défendre contre les variations de température extérieure et de maintenir le sang et tout le corps au même degré thermique, en été comme en hiver, au pôle et à l’équateur.

Voilà bien des exemples d’antixénisme vital contre l’énergie étrangère.

Comme antixénisme contre la matière, j’ai déjà cité la faculté qu’a l’organisme de maintenir à un taux toujours le même la teneur de son sang en sucre, chlorure de sodium… Ainsi apparaît ce caractère essentiel de la vie : fixité du type (de l’espèce et de l’individu) et effort immédiat et continu de l’être vivant vers la reconstitution de ce type, toutes les fois qu’une circonstance quelconque en a troublé l’équilibre normal.


Mais bien plus importante, plus complexe et plus intéressante est la lutte de l’organisme contre la matière étrangère vivante, contre les germes vivans de maladies, contre les microbes. C’est là surtout qu’apparaît, intense et féconde, la fonction antixénique de l’homme vivant.

Il y a d’abord la défense des frontières : dans l’appareil respiratoire, dans le tube digestif, à la peau, dans tous les organes en contact avec le milieu extérieur et pouvant servir de portes d’entrée à l’étranger.

Normalement, l’air qu’on respire et que nous supposons chargé de microbes nocifs doit passer d’abord par les fosses nasales, Là, il trouve une filière étroite et tortueuse qui non seulement réchauffe cet air extérieur avant son entrée dans le larynx, les bronches et le poumon, mais encore le purifie.