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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/649

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Les microbes sont arrêtés sur les « saillies, les angles, les poils » qui sont dans le nez. Si, en effet, on fait agir sur un bouillon de culture stérile, d’un côté l’air avant son entrée dans le nez, de l’autre, l’air après sa circulation à travers les fosses nasales, on voit une grande différence entre les deux, au point de vue de la richesse microbienne.

De plus, le mucus, qui se trouve dans ces mêmes conduits, non seulement agglutine et retient les microbes, mais encore les altère, les détruit, ou au moins leur enlève leur activité nocive. La bactéridie charbonneuse devient incapable de tuer le cobaye quand elle a séjourné quelques heures dans le mucus (Charrin).

Si le microbe pénètre dans les bronches, il y est encore arrêté, par les cils vibratiles notamment qui sont à la surface ; il est altéré ou détruit par les sécrétions bronchiques. Enfin le revêtement épithélial qui tapisse l’intérieur de l’arbre aérien empêche la pénétration des microbes dans la circulation.

Tyndall a constaté la pureté microbienne de l’air expiré et Gamaleia a montré que des microbes, déposés dans l’arbre aérien, restent latens et n’agissent que quand on a dilacéré la muqueuse et permis ainsi leur pénétration.

Si, au lieu d’aborder l’organisme par l’appareil respiratoire, le microbe cherche à pénétrer par le tube digestif (apporté alors par les alimens, comme le lait d’une vache tuberculeuse), il se heurte encore là à une série de moyens de défense, dont le tube digestif est hérissé dans toute sa hauteur, depuis la bouche jusqu’à la partie inférieure de l’intestin.

Partout il y a des glandes, comme les glandes salivaires, les glandes de l’estomac ou de l’intestin, dont la sécrétion balaie mécaniquement et entraîne jusqu’à l’extérieur les microbes nocifs et aussi les transforme, les altère, annihile leurs poisons. Partout il y a un revêtement épithélial étanche (tant qu’il est vivant) qui empêche les microbes de pénétrer dans la circulation.

La pénétration n’aura lieu que si le tube digestif est malade, si la résistance vitale est diminuée. La plupart des cas de fièvre typhoïde par ingestion d’huîtres proviennent de ce mécanisme : l’huître mauvaise détermine une entérite, et alors, l’intestin malade laisse pénétrer le bacille d’Eberth, agent pathogène de la fièvre typhoïde, que la même eau apportait sans dommage les jours précédons à un intestin sain et résistant et qui ne pouvait