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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/650

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pas pénétrer. Au même mécanisme appartiennent les rapports de fréquence si souvent constatés entre la fièvre typhoïde et les embarras gastro-intestinaux de l’été, spécialement dans les climats chauds.

Toujours à la frontière, si le revêtement extérieur (épithélium ou épiderme) est franchi, une première bataille se livre sur place et peut suffire à repousser ou à détruire l’ennemi par une lésion locale curable : enkystement ou suppuration. C’est ce qui arrive quand une piqûre anatomique s’épuise localement par un tubercule cutané.

Puis, si les frontières sont manifestement franchies, l’étranger rencontre les ganglions lymphatiques, qui livrent bataille, se tuméfient et peuvent arrêter l’invasion et limiter le mal.

Si cette barrière intérieure est vaincue, les microbes arrivent dans le sang et, de là, dans les tissus de nos divers organes. Là, ils sont retenus par le premier réseau capillaire qu’ils rencontrent ; puis ils subissent le gros assaut des globules blancs du sang, leucocytes ou phagocytes (cellules blanches, cellules qui mangent). Tout le monde connaît bien aujourd’hui cette bataille qui se termine par la phagocytose des étrangers : une victoire à la façon des anthropophages.

Partout, dans le sang, dans la plupart de nos organes, il y a un grand nombre de ces cellules goulues qui dévorent d’autres élémens figurés, notamment les microbes.

Les leucocytes montrent même, dans cette lutte contre les microbes, un certain « flair. » Ils choisissent les microbes dangereux, à détruire ; ils arrivent sur l’intrus, « s’en emparent, l’englobent par leurs pseudopodes et le noient dans leur masse, en se mettant à plusieurs s’il est trop gros ; » puis, « le corps englobé se désagrège peu à peu et finit par disparaître entièrement ; il a été mangé et digéré par les phagocytes. »

Les choses se passent, dit M. Bouchard, comme s’il s’agissait « d’animaux monocellulaires doués de la sensibilité gustative ou olfactive. »

M. Metchnikoff, qui a découvert cette phagocytose, nous apprend que MM. Duclaux et Houx trouvèrent d’abord ces doctrines (phagocytaires) « trop vitalistes et trop peu physico-chimiques. » Mais, ajoute-t-il, avec le temps, ils ont reconnu qu’il y avait du bien fondé dans les idées de leur collègue.

Ce n’est d’ailleurs pas là le seul moyen de défense employé