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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/671

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se mêler aux luttes sociales de l’Empire dont, par politique, la représentation polonaise estime devoir se désintéresser. En 1906, à la première Douma, la Pologne, prenant à cœur de répondre avec zèle à l’initiative gouvernementale, — au point que dans certaines communes le chiffre des votans fut de 91 à 97 pour 100, — élut 36 députés, auxquels pouvaient se joindre 15 députés polonais de Lithuanie et d’Ukraine et 5 autres élus dans le reste de l’Empire. Le Tsar, par décision du 3 juin 1907, réduit ce nombre des deux tiers ; ils ne sont plus que 11. En même temps, pour diminuer le nombre des députés polonais élus par la population des gouvernemens de la Lithuanie, de la Podolie, et de l’Ukraine, on y a changé le mode d’élection. Dans deux gouvernemens (ceux de Wilno et de Kowno), on a établi des députés spéciaux de la minorité russe (comme à Varsovie) ; dans les autres gouvernemens on a institué le suffrage d’après le scrutin « national, » mais c’est le gouverneur qui fixe les limites de chaque arrondissement, de sorte qu’il est devenu à peu près impossible d’élire des Polonais. Deux circonscriptions spéciales ont été créées pour les orthodoxes de la région de Chelm et de Varsovie où ils ne sont qu’une poignée de fonctionnaires. Cette mesure a paru peu regrettable aux esprits les plus modérés en Russie et aux personnalités européennes les plus soucieuses de voir se nouer quelque amitié entre Russes et Polonais. Elle ne pouvait qu’affliger ces derniers sans atténuer l’importance de leurs réclamations : le nombre de leurs représentans devant être toujours insuffisant à leur assurer la majorité dans tout débat sur l’indépendance, leur est indifférent.

Conformément au vote du Congrès des zemstvos russes qui s’était prononcé en 1905 par 168 voix contre 16 pour l’autonomie de la Pologne, ils ont demandé, dès la première Douma, la convocation d’une diète à compétence limitée siégeant à Varsovie, à laquelle seraient déférés le contrôle du budget local et l’organisation des écoles, — le pouvoir exécutif, les Affaires étrangères, l’armée, les douanes, la poste restant entièrement entre les mains des Russes. Sur ce point, tous les Polonais sont d’accord. Le parti socialiste comme les autres, malgré les objurgations de la social-démocratie allemande, réclame l’autonomie ; il revendique même l’honneur d’avoir fait renaître les aspirations à cette autonomie. La division ne se produit que sur la fixation de programmes maximum et minimum : l’extrême-gauche