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ESSAIS ET NOTICES

VISAGES D’ASCÈTES[1]

Dans la dernière note de son Port-Royal, Sainte-Beuve signale une lacune au merveilleux tableau qu’il vient de tracer de la vie religieuse au XVIIe siècle : nous connaissons les âmes, il nous manque de voir les visages. Grâce à M. Augustin Gazier, l’homme de France qui sait le mieux son Port-Royal, cette iconographie, dont Sainte-Beuve avait conçu le plan, nous la possédons désormais : c’est un recueil modèle, où le savant éditeur s’est plu à nous faire part, non seulement des trésors de sa pieuse érudition, mais des richesses uniques de ses collections port-royalistes. M. André Hallays s’est chargé de l’introduction : l’auteur de tant de pages pénétrantes sur Port-Royal était le guide tout désigné de ce nouveau pèlerinage. Enfin, l’exécution matérielle du livre est digne des grands souvenirs que l’on voulait commémorer. Nous avons maintenant le Port-Royal complet, extérieur et intérieur, avec ses apparences visibles autant qu’avec sa physionomie morale. C’est un des épisodes les plus originaux de notre histoire qui ressuscite à nos yeux. Les choses reprennent leur vie et leur actualité. Et peu à peu on voit s’évoquer le cadre et les acteurs de ce grand drame d’idées…

On nous fait connaître d’abord l’intimité du monastère. Deux pieuses filles, deux artistes amies de Port-Royal, devinant l’arrêt de mort qui menaçait la chère maison, prirent soin d’en fixer les traits et d’en sauver le souvenir. Suivons-les ; visitons, tel qu’on le voyait à la

  1. Port-Royal au XVIIe siècle. Images et portraits, avec des notices historiques et iconographiques par M. Augustin Gazier. Préface de M. André Hallays. Paris, Hachette, in-folio, 1909.