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Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/706

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vertu. L’idéalisme en était une autre. Ce qu’il souhaita laisser et ce qui gardera sa mémoire, ce n’est pas tant des œuvres, malgré le mérite, quelquefois éminent, des siennes, qu’une influence, un souffle, un esprit.

Nous nous souviendrons également de son âme. Nulle ne fut plus haute, plus simple et plus pure, maîtresse à la fois plus forte et plus douce du corps diminué, douloureux, qu’elle anima jusqu’à la fin. Jusqu’à la fin aussi, par une grâce précieuse, l’artiste aura vécu de ses rêves. Rêves toujours de beauté, jamais de richesse et d’honneurs. Pauvre entre les pauvres, Bordes l’était avec délices, avec fierté même, sans l’être avec orgueil. Que dis-je ! il trouvait moyen de l’être avec magnificence et, comme on dit, « le meilleur » de son gain ou de ses recettes, le devenait aussitôt de sa charité.

Daigne là-haut, parmi les maîtres qu’il a servis et glorifiés, le maître des maîtresj’accueillir ! On l’a couché sous la terre natale. J’aurais aimé qu’il reposât plus près de nous. Dans son école peut-être, au milieu de ses compagnons et de ses disciples ? Mais non, plutôt à Saint-Gervais, dans son église, pleine encore des harmonies qu’il y avait réveillées et qui flotteraient, à jamais, sur son tombeau.


CAMILLE BELLAIGUE.


P.-S. — Nous avons analysé dans la Revue du 15 octobre dernier un livre intitulé Trouvères et Troubadours et publié dans la collection : Les Maîtres de la Musique (Félix Alcan, éditeur), sous le nom de M. Pierre Aubry. A propos de cet ouvrage et sur la question de la propriété littéraire, un différend s’est élevé entre M. Jean Beck et M. Pierre Aubry. M. Jean Beck nous informe et nous prie de vouloir bien annoncer que la cause, portée devant une commission d’arbitrage, a été jugée, à l’unanimité des voix, contre M. Pierre Aubry. Il a même été décidé que la première édition de l’ouvrage serait retirée du-commerce et que la seconde porterait toutes les rectifications exigées et obtenues par M. Jean Beck.

C. B.