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de la maison, des écoles gratuites pour le peuple. Les religieuses de Notre-Dame, fondées au commencement du XVIIe siècle par le bienheureux Pierre Fourier, curé de Mattaincourt, en Lorraine, et d’un autre côté de la France par la bienheureuse Jeanne de Lestonnac, marquise de Montferrand, étaient établies d’après les mêmes principes, et faisaient également vœu d’ajouter à leurs pensionnats des écoles gratuites. Au moment de la Révolution, les religieuses de Notre-Dame avaient quatre-vingt-dix monastères disséminés en France, en Allemagne, en Hongrie. Les diocèses de Toul, Nancy et Saint-Dié en comptaient seize.

Pendant deux siècles, le XVIIe et le XVIIIe, les Ursulines et les religieuses de Notre-Dame, établies d’après ces règles, furent les grandes institutrices populaires. Laissant à d’autres ordres la direction de couvens célèbres, où se portaient la haute aristocratie et les princesses de la famille royale, elles multiplièrent sur tout le sol du pays les pensionnats, les classes élémentaires, et furent, avec les Sœurs de charité, les véritables maîtresses d’école de l’ancienne France.

Nous ne pouvons pas donner ici, même en résumé, l’exposé de ces lettres, de ces mémoires qui arrivent de tous les points du pays, et dont les indications fourniraient un appoint important à l’histoire de l’Instruction publique avant la Révolution. D’ailleurs, les Ursulines, les Sœurs de Notre-Dame, les Sœurs de Charité, qui tenaient un grand nombre d’écoles, n’étaient pas les seules à remplir cette mission. L’instruction primaire des villes et des campagnes n’étant pas assurée comme de nos jours par un recrutement civil, les évêques, qui eurent jusqu’à la Révolution un si grand rôle en matière d’éducation, faisaient de tous côtés appel au zèle des religieuses et les poussaient vers l’éducation. Nous trouvons parmi les sœurs enseignantes qui écrivent à la Constituante, outre les Visitandines, les Sœurs de la Présentation, les Sœurs de Saint-Augustin, etc., qui tiennent des pensionnats, les Bénédictines, les Clarisses mitigées ou Urbanistes, les Dominicaines, les Filles de la Providence, les Filles de la Foi, les Sœurs de Sainte-Elisabeth, les Dames noires, l’ordre du Verbe incarné à Lyon, l’ordre de l’Union chrétienne, etc. Les communautés qui n’ont point encore fait d’enseignement sont prêtes à s’y livrer, sentant bien que cette œuvre, si utile à la jeunesse, peut être aussi pour elles une défense. Les Annonciades de Pont-à-Mousson se déclarent disposées, d’après le désir