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Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/164

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Vatican, avait une façon spéciale d’écouter : il savait toujours démêler, derrière les refus mêmes qu’on lui opposait, je ne sais quelle sympathie occulte pour les propositions éconduites ; et cette réponse d’Antonelli fut présentée sous un tel jour à l’archevêque Scherr, de Munich, par Louis II de Bavière, que ce prélat crut faire plaisir à Rome en tâchant d’obtenir pour les traités les suffrages du parti catholique. Mais Bismarck, lui, savait l’exacte réalité, et cette réalité le meurtrissait : le Vatican, cette fois encore, lui avait refusé un service auquel il tenait beaucoup.

On avait voulu que le Saint-Siège pesât sur le clergé français : le Saint-Siège s’était montré fort discret, fort réservé, fort respectueux des susceptibilités de la France, dans l’expression de ses vœux pacifiques.

On avait voulu qu’il pesât sur l’opinion catholique de Bavière ; et l’on laissait croire qu’il avait parlé ; mais en réalité, il s’était tu.

Et l’attitude d’Arnim, sans retard, châtia ce double refus, interprété comme un manque de complaisance envers l’Empire d’Allemagne.


VI

Le 23 janvier, le prince Humbert et la princesse Marguerite parurent à Rome. Arnim, tout de suite, prévint Antonelli que s’il les rencontrait dans les salons, il devrait peut-être solliciter l’honneur de les saluer. Sans attendre, il demanda audience ; il entra comme visiteur dans ce Quirinal, qu’il disait naguère avoir été volé. Au Vatican, ceux qui comptaient sur la Prusse s’effondrèrent ; Antonelli dit au ministre que Pie IX était blessé. « Votre Eminence, répondit Arnim, ne peut imaginer ce que j’ai souffert en franchissant cette porte. » Arnim n’avait agi, — Ratazzi plus tard en eut la preuve, — que sur l’ordre du gouvernement prussien. C’était un beau succès pour l’Italie. Le carnaval l’accentua ; et tous les cancans de Rome s’attardèrent autour d’un certain balcon de la place San Carlo, d’où Arnim se serait amusé à jeter des bouquets au prince Humbert, en regardant défiler un cortège incongru, parodie de l’infaillibilité.

« La présence d’Arnim est un défi aux catholiques, » lisait-on dans la Correspondance de Genève. A Florence, on constatait