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LA POLICE POLITIQUE
SOUS LA RESTAURATION

II[1]
LA POLICE ET LE DUC DE BOURBON — LA POLICE DANS LES PAYS-BAS


I

A la fin de 1817, la maison de Condé était en train de s’éteindre dans la personne de deux vieillards : Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé, et son fils, le Duc de Bourbon, père du duc d’Enghien. Le prince de Condé, âgé de quatre-vingt-deux ans, menaçait, depuis son retour d’exil, de tomber en enfance. Rien ne trahissait plus en lui ni le vainqueur de Johannisberg, ni le chef militaire de l’émigration. De son passé bruyant et agité, ce passé durant lequel on l’avait vu tour à tour en Allemagne, en Russie, en Pologne, en Angleterre, il semblait avoir tout oublié, sauf le trépas tragique de son petit-fils dont le souvenir lui arrachait encore des larmes.

Lorsqu’en 1804, la mort était venue faucher dans sa fleur ce jeune prince, dernier espoir d’une race illustre, l’aïeul avait eu auprès de lui, pour l’aider à porter sa douleur, cette charmante princesse de Monaco qu’il aimait depuis si longtemps et de qui il était aimé. Entraîné par sa reconnaissance, il l’avait épousée

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1909.