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de corruption auront néanmoins une grande majorité. »

« 2° Une lettre adressée au Duc de Bourbon, portant la date du 29 octobre, et signée Sophie[1]. A en juger par le style de cette lettre, la personne qui l’a écrite parait être en grande intimité avec le duc. Elle parle de ses affaires domestiques, de son prochain mariage, se plaint de sa future belle-mère, et termine, en priant de remercier. Milord, pour toutes les bontés qu’il a eues pour elle à Brighton.

« 3° Une lettre de M. Robin à M. Guy, à Londres. M. Robin écrit qu’avec la lettre du 17 du même mois dernier, il a reçu celle adressée à Mme Moinot, et qu’il l’a fait porter de suite à Chantilly, où cette dame réside, depuis quelque temps. »

On voit par le premier alinéa de ce rapport que le correspondant du Duc de Bourbon s’efforçait de flatter les préventions du prince en lui traçant un tableau fantaisiste de la séance royale du 5 novembre. Il est donc certain qu’il le savait mécontent des tendances libérales du gouvernement. La police ne pouvait ignorer plus que lui ce mécontentement et c’en est peut-être assez pour faire comprendre qu’elle attachât quelque prix à lire les lettres qu’on adressait de Paris au cousin du Roi. Celles de son correspondant ordinaire, le baron de Saint-Jacques, presque uniquement consacrées à des détails d’intérieur, ne présentent qu’un médiocre intérêt. A peine y trouve-t-on çà et là quelques nouvelles de la Cour et des Chambres, inexactes pour la plupart, plus conformes aux vœux et aux espérances des ultras qu’à la vérité.

En voici de courts extraits qui permettront de juger de leur insignifiance :

« 1er janvier 1818. — Le duc de Wellington est arrivé avec des intentions très favorables aux royalistes et prenant en grande considération le péril que court la légitimité. Une personne qui a eu l’honneur de l’entretenir en particulier l’a trouvé convaincu que le système suivi par le ministère finira par perdre tout, si l’on n’y met ordre.

« On parle toujours de changemens dans le ministère. Il n’y

  1. Il n’est pas douteux que c’est de la future baronne de Feuchères qu’il est ici question. Le prénom de Sophie en est la preuve. Elle s’est mariée sous le nom de Sophie Clarke, veuve Dawes. Une autre preuve, c’est qu’elle fait, dans sa lettre, allusion à son prochain mariage et que Sophie Dawes épousa le baron de Feuchères l’année suivante. On verra plus loin qu’elle s’était fait appeler d’abord Sophie Harris.