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Ce mardi matin à 9 heures, 4 janvier 1831.

J’espère, mon cher général, que vous êtes mieux ce matin et je fais demander de vos nouvelles.

Mes réflexions de la nuit m’ont confirmé dans la résolution subite que j’ai dû prendre cette nuit. Laissons nommer le prince de Bavière sans l’imposer, et je crois que le résultat en sera très bon. Je ne l’aurais pas cru possible, mais puisque les Belges y donnent, cela me paraît une victoire. Cela nous tire de tout embarras et cela rejette les difficultés sur les autres. C’est donc la moins mauvaise de toutes les combinaisons actuelles. Ne prenez pas la peine de me répondre, mais faites-moi écrire que votre courrier est parti. Plus tard, si vous pouvez, vous m’écrirez ou vous viendrez me voir, car il me tarde de connaître votre opinion et de vous développer la mienne…

Mais ne venez chez moi que si vous le pouvez sans inconvénient pour votre santé que vous devez soigner avant tout.


Jeudi matin 20 janvier 1831.

Je vous remets tout de suite, mon cher général, celles de vos dépêches que je viens de lire, afin que vous puissiez y répondre en les ayant sous les yeux. Je voudrais seulement que l’empereur Nicolas pût voir la Garde Nationale qui entre en ce moment dans ma cour ; cette vue achèverait sa conversion qui est au reste bien avancée et que le duc de Mortemart va bientôt compléter.

Les dispositions du prince de Talleyrand me paraissent très bonnes et tout ce qu’il a dit à lord Grey est excellent. Veuillez le lui dire de ma part. Veuillez aussi lui dire ce que l’Almanach Royal dit à qui veut prendre la peine de l’ouvrir ; c’est que le prince Charles-Ferdinand de Naples, duc de Capoue, est né le 10 octobre 1811, et que par conséquent il a dix-neuf ans accomplis, et non dix-sept, comme l’a dit lord Grey. Le prince Charles de Bavière, outre ses opinions violentes, a une maîtresse de très bas étage avec laquelle il vit publiquement.

Oui, sans doute, mon cher général, l’affaire est très grave ; mais nous avons trois et même quatre jours au moins pour prendre un parti. Il s’en présente plusieurs qu’il faut bien peser et méditer. Le refus du roi des Pays-Bas de débloquer hier peut motiver des mesures plus fortes, mais ne disons rien