Je vois avec douleur tout ce que vous me mandez. Il faut tenir tête à l’orage et tâcher qu’il se dissipe sans tonnerre et sans grêle. Je n’en désespère nullement, mais ce n’est pas dans un billet que je peux traiter même superficiellement les moyens de résoudre un aussi grand problème. Il me faut avant tout une longue conversation tête à tête avec vous. J’aurai des siccatures jusqu’à une heure ou une heure et demie, mais alors je vous attends ; nous nous enfermerons pour qu’on ne nous interrompe point, et nous traiterons la matière à fond ; elle en vaut bien la peine.
Je vous remercie du fond de mon cœur de tout ce que vous me témoignez.
Il faut nous occuper d’abord de faire un récit circonstancié et raisonné de toute l’affaire depuis le commencement. Cela sera d’un immense avantage pour la solution du problème. Ainsi tenez-vous libre pour que nous puissions travailler longtemps ensemble, et finissez d’ici là vos affaires courantes.
Lundi à 2 heures et demie, 31 janvier 1831.
En réfléchissant sur ce que nous disions sagement tout à l’heure de ce protocole des dettes et de la nécessité d’ajourner toutes ces discussions et décisions, jusqu’après l’installation du souverain quelconque de Belgique, je crois qu’il faut de même ajourner le règlement définitif des frontières et empêcher de même qu’on suscite aucune nouvelle discussion dans la Conférence. J’ai voulu vous le dire tout de suite, pensant que vous seriez bien aise que tout cela se trouvât dans la même dépêche. Il est essentiel d’empêcher ce règlement définitif des frontières. Nous avons bien pu, comme médiateurs, prendre sur nous de régler les limites de l’armistice ; mais il faut le concours du Gouvernement Belge pour régler leurs frontières avec les autres puissances, et je pense que nous devons protester contre la prétention de régler cet objet sans eux dans une Conférence où ils ne sont pas représentés.
Je rouvre mon billet pour vous dire que j’avais d’autant plus de raison, que j’apprends, par une lettre que M. de Celles m’apporte et qu’il va vous communiquer, que lord Ponsonby a tout d’un coup communiqué ce protocole, même en l’absence de M. Bresson, ce qui est d’autant plus blâmable que M. de F… avait